Welcome ! Bienvenue ! Willkomen !

Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

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... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

Merci de votre indulgence.


And, for our English speaking friends, this way please : Jeffw's Inn

(Oh ! And this is a literary blog, by the way)


jeudi 16 septembre 2004

Mais trêve d'introduction ! (titre percutant)


C'était un 21, peu importe le mois ou l'année, c'était aussi le jour de notre voyage retour vers le Pays de Galles. Et ce jour là, je me suis fait poursuivre à travers la moitié de la Bretagne par une folle furieuse (qui se trouve être madame ma mère), armée d'une seringue, dans le but de m'injecter un quelconque vaccin juste avant que je ne saute dans le bateau.

Revoyons donc cette séquence au ralenti. Explications : Peu de temps avant nos vacances passées en France, je me suis pris une bûche. Je ne veux pas dire par-là que je suis tombé, non non, je parle bien là d'une grosse bûche en bois d'arbre qui fais mal dans les tibias, qui volait en raz mottes et en raz campagne, un matin que je m'y promenais. Une semaine, une traversée de la mer et une veine éclatée plus tard, ma très chère mère n'écoutant que son bon sens, son instinct maternel et trente ans de bons et loyaux services en milieu hospitalier (parfois) et secteur médical (souvent), s'exclame (ma mère, pas le secteur médical) : "Oh ! Mon Dieu, mon Dieu, mais c'est qu'il a pas son anti-tétanos à jour ce bougre de grand couillon là, oh mon Dieu, mon Dieu."
Et me voilà, en vacances, avec la plus petite épée de Damoclès qu'on ait jamais vu qui me pend au nez, étant vraiment trop petite pour être sérieusement menaçante au-dessus de ma tête. Petite, peut-être, mais très très très pointue au bout. La première chose qui me sauve, ma Fille ! Vu que nous ne devons passer qu'une semaine ensemble, il serait dommage de la gâcher avec papa ayant une mauvaise réaction au vaccin, ce dont j'avais l'habitude quand j'étais petit. Des réactions follement récréatives, remarquez, je me souviens par exemple de ces deux jours passés à quarante de fièvre, le docteur ayant réussi à me faire l'injection dans le dos (j'essayais sérieusement de m'enfuir). Deux jours devant la télé, à transpirer comme un bœuf dans le canapé en cuir de papa et maman, avec le cervelet version yaourt et une acuité cérébrale qui m'aurait fait prendre les Télé-Tubbies pour Question pour un Champion, sans Julien Lepers, ce qui aurait été tout benef. Mais peu importe, donc, première semaine sauvé, merci Enora ; même excuse pour le week-end prolongé à Paris, je ne vois pas les copains souvent, ce serait dommage d'être malade... Il ne reste donc que deux jour, le lundi, où nous sommes censés revenir faire escale en Bretagne avant le vrai départ et le mardi, qui par définition précède le mercredi (the D day). Malheureusement, le lundi nous arrivons fort tard au domicile familial, c'est la faute à pas-d'chance, vu qu'on avions perdu toutes nos cartes en plastiques de crédit à la capitale et ce sont des choses qui retardent. Résultat, personne ne pense à la petite seringue de Madame Oclès. Le lendemain, re-belote, ça a beau être écrit sur le frigo, personne ne s'en souvient. Passe la nuit et arrivent les au revoir et les bisous, là, j'ai beau m'en souvenir, je ferme ma gueule. Pas fou ! Je vais pas me taper 8 heures de conduite et 6 de ferry avec le bras en compote et des risques de fièvre galopante.
Les adieux sont touchant et dans le soleil du matin la Kangoo disparaît à l'horizon…

Mère, les yeux encore légèrement humides et le regard dans le vague, épluche une carotte debout dans la cuisine, face au réfrigérateur. Elle est perdue dans ses pensées et dans son peignoir de bain blanc fatigué un peu trop grand quand, soudain, elle fait le point, ses yeux se focalisent, elle lit ce message imbécile placardé sur l'émail, si tant est que les frigos soit encore émaillés. Alors, prenant, dans l'ordre, son courage à deux mains, le petit instrument de torture antiviral à deux doigts et sa voiture à l'air conditionné, la voilà partie pour une folle équipée, qui, deux heures et quelques 290 kilomètres plus tard, l'amenait à Roscoff, lieu de l'embarquement, où seul un petit quart d'heure de retard l'empêchât d'exécuter sa besogne satanique. Et tout cela sans qu'à un seul instant ne l'effleure l'incongruité d'une telle entreprise... Ah, maman, je t'aime…
Après, elle est repartie, telle une Jeanne d'Arc moderne et dépitée, sur son petit cheval de bataille de marque Renault et sa seringue sous le bras ; partie retrouver mon papa dans leur jolie maison rose. Je me demande bien ce qu'il a pensé de tout ça, mon papa.