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Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

Merci de votre indulgence.


And, for our English speaking friends, this way please : Jeffw's Inn

(Oh ! And this is a literary blog, by the way)


mardi 26 août 2008

Le Jeffon Maltais - Part I


Je ne suis pas arachnophobe... j'ai un très bon pote araignée.

Ce n'est bien sûr pas vrai.
Je suis complètement arachnophobe, à mon plus grand embarras et ma plus grande honte, et je n'y peux rien... C'est une phobie (comme son nom l'indique), c'est idiot-bête et totalement incontrôlable. Je peux essayé de me raisonner, de me dire que « La petite bête va pas manger la grosse », comme disait ma mère, méjugeant sa propre taille, avant d'entrer dans la cage de son nouvel emploi de dompteuse d'ours polaire au cirque d'hiver, la logique et le sens commun n'y font rien.
En plus, alors que je n'ai presque qu'un œil... c'est à dire que le gauche marche presque super, à part les week-end et jours fériés, et que le droit lui dit merde... en regardant ailleurs (disons qu'au royaume des borgnes j'aurais sûrement un poste au gouvernement), je disais donc que, malgré ma vision, je repère toujours ces saloperies mouchivores où qu'elles soient dans la pièce, tel l'oiseau de proie repère son repas couinant dans les hautes herbes à des distances littéralement vertigineuse (à part que je ne les mange pas... et pour tous ceux qui pensaient que le titre ferait référence à un éventuel auto-abrutissement au whisky et bien vous vous fourriez le doigt dans notre sujet de conversation présent jusqu'au coude). Il s'en suit un inévitable jeu de patient espionnage que je finis toujours par perdre quand, dans un léger moment d'inattention de ma part, la velue s'éclipse, me laissant transpirant et tremblant, avec les yeux qui s'éparpillent dans tous les recoins, laissant généralement mon interlocuteur inquiet et pantois...

Que l'on se mette bien d'accord, je n'ai pas peur des araignées. Ce serait ridicule. Non. J'ai une peur morbide et phobique des araignées. De cette peur panique qui vous noue l'estomac et vous vrille les tripes, vous dessèche la gorge et vous y coince la respiration, vous écrase soudainement le cœur dans un étau glacé vous inondant d'une sueur froide que seuls connaissent les condamnés capitaux, terrifiés dans les affres de l'attente d'une mort certaine, dans la torpeur d'une résignation catatonique, dans ces derniers pays du monde sans lois, ou sans foi... ou avec trop des deux.
Enfin... tous ça dépend aussi de la taille de l'animal, bien entendu, par exemple nous avons chez nous une espèce arachnéenne appelée Money Spider, sensée porter bonheur quand tu la découvres galopante sur ta personne et je doit avouer qu'elle devrait se lever très tôt pour me terrifier outre-mesure la bougresse, ne mesurant qu'au maximum un quart de poil de c..., adulte et bien nourrie (mais sans les pattes), il suffit de souffler un coup pour qu'elle s'envole au vent pour aller faire le bonheur de quelqu'un d'autre. Non, soyons sérieux, tout petit, pas de problème. Par contre, n'importe quoi de plus gros et je panique... parfois calmement, ce qui est curieux, mais je panique quand même... Alors qu'au cinéma c'est l'inverse... plus le monstre octopodesque est gros plus je m'esclaffe à grand renfort de mouarf-arf devant l'écran, petit ou grand. Si tout le début d'Arachnophobia m'est totalement insupportable et me terrifie jusqu'à l'inconfort malaisé de me souiller le fondement du pantalon malencontreusement, tant que le péril aux papattes poilues est petit du genre comme à la maison je m'accroche à mon siège, si tant est que mon siège soit à l'extérieur puisque que je quitte également la salle ; la fin du film, d'un autre coté, me fait sottement glousser un fois les tisseuses venimeuses, maintenant d'une taille improbable, douées de pouvoirs bouffons comme le saut en longueur à en faire pâlir un olympien moyen et l'émission de feulement de chat pas content... Comme ce fabuleux navet : Eight Legged Freaks qui me fit me gausser d'un bout à l'autre du film, comme quoi, quand l'araignée atteint la taille de la dernière de chez Volkswagen, ça ne m'impressionne plus, je n'y crois plus et tout va pour le mieux dans le vaste monde.

Quel ne fut donc pas mon désarroi de découvrir, il y a déjà quelques années, que j'avais emménagé dans le pays européen qui avait les plus grosses ?!... Nous parlons toujours des araignées... Ou en tous cas les plus grosses que j'avais jamais vu (si si toujours les araignées...), et pourtant, j'ai vécu en Australie, c'est dire...

Tiens, pour ne pas déroger à mon habitude, je vais digresser un coup...
Saviez-vous que ce pays de cinglés, autant le pays lui-même que ses habitants, qu'est l'Australie possédait à lui tout seul plusieurs des rares espèces d'arachnomonstre mortelles pour l'homme, en plus des serpents tout pareil, des méduses tout pareil, des requins blancs qui mâchouillent, des camionneurs friands d'auto-stoppeurs, etc, etc... ? Le saviez-vous ?

Anecdote hilarante (tel le son de pas lourds derrière vous, tard la nuit, dans une allée sombre...) :

Un jour qu'elle était à Melbourne et qu'elle lavait les vitres, ma mère... je me dois de préciser qu'elle lavait les vitres de la maison que nous louions à l'époque, ma mère n'ayant pas pour habitude de laver les fenêtres de bâtiments et de gens qu'elle ne connaît pas, elle n'a même pas l'habitude de laver les carreaux tout court. Mais un jour qu'elle le faisait, donc, à cet endroit là et à ce moment là, aux débuts des années 70', elle fit une rencontre pour le moins désagréable au coin de la vitre sus-mentionnée avec l'une des ignominieuses sus-mentionnées également, qui n'avait rien à faire là, son habitat naturel étant les vastes espaces du dehors et que, là, ma maman à moi en était à laver les carreaux du dedans...
Dans l'angle supérieur droit de la baie vitré menant au patio se trouvait une petite chose toute jolie. Un petit corps tout rond aux huit pattes graciles, le tout d'un noir laqué magnifique relevé seulement d'une ligne rouge vif sur le dos, un petit bijoux d'un peu moins d'un centimètre... à la morsure très douloureuse et neurotoxiquement dangereuse pour l'homme : une
Redback Spider (et à cette époque l'anti-venin ne se trouvait pas encore dans le commerce, pour la bonne et simple raison qu'il n'existait pas...). Maman, ne faisant ni une ni deux, les maths n'étant pas son fort, mais faisant i et ii, en latiniste accomplie, partit s'enquérir d'une bombe insecticide de taille industrielle et s'en revint asperger l'incongrue. Ce n'est qu'après une minute d'un jet soutenu, laissant la tueuse bariolée flottant sur le dos dans une flaque baygonnienne, qu'elle s'en allât chercher mon père qui baguenaudait au garage. Elle s'était, bien évidemment, au préalable assurée de l'absence du moindre signe de vie chez son ennemie du moment, dans sa mer pesticide. Le presqu'insecte dodelinait mortuairement, les pattes repliées de partout, dans la position typiquement arachnéenne du 'Arg ! Tu m'as eu', qu'elle n'avait pas manqué d'adopter au premier signe de l'aérosol... Pourtant... Oui, vous l'aurez bien sûr deviné... Au retour de mes parents, l'araignée n'était plus là. Disparue.
Aaah qu'ils ont ri mes parents, qu'ils ont ri de me savoir endormi dans mon sommeil d'enfant et dans la pièce voisine, derrière une porte à l'hermétisme d'une râpe à fromage, laissant voir un jour à sa base qui aurait permis à un chat de ne pas demander à ce qu'on lui ouvre, qu'ils ont ri de devoir encore passer deux semaines dans cette maison, qu'ils ont ri de devoir regarder partout tout le temps par peur d'un ennemi d'un centimètre qui peut même grimper au plafond... si on me demandait, je suis sûr qu'ils en rient encore...

Bref. Revenons à nos moutons à huit pattes bien que nous n'en étions pas loin...
Donc, la plus large des araignées que l'on rencontre dans les îles britannique, anodinement baptisée
House Spider et dont il existe plusieurs variétés dont la Giant House Spider ('Tegenaria Gigantea') qui est celle qui nous intéresse et peut atteindre jusqu'à 6cm pattes incluses, avec tout de même 1,5cm de corps, est la plus grosse araignée qui m'ait été donné de croiser à mon grand dam, tout pays confondus, France y compris, n'en déplaise à nos amis les plus méridionaux dont l'imagination candide et la faculté de conter des histoires des plus fleuries forceraient à s'exclamer : « La plus grosseuh araignée que j'ai jamais vueuh ? Oh peuchère... Vé, c'est bien simpleuh, la dernièreuh, elle a bouffé le chat... », dans leur accent chaud et poétique mais quand même pas pratique pour jouer aux bouts rimés...

Pour les petits curieux :

Attention ! Amis arachnophobes, ne cliquez surtout pas ! Je suis sérieux.

Pour les plus braves et pour savoir à quoi ça ressemble, vous pouvez cliquer ici
Comment ça, pas si impressionnante ?
Et comme ça ?
Ouais... j'me disais aussi...


À l'instar d'Hercule et de son génocide hydrophobe, pour peu qu'une de ces mygalomaniaques disproportionnées ne pointe le bout du nez qu'elle n'a pas et je ne réfléchis plus, j'annihile, j'occis, j'écrabouille à grandes pompes et parfois à grand coup de bottin, même si je sais que c'est mal, que c'est pécher et que j'en éprouve des remords par la suite, moi, le doux, le tendre... qui va jusqu'à ne jamais manger les yeux de l'animal qu'il a cuit ou commandé, de peur que leur regard attendrissant ne lui coupât l'appétit...
Mais soyons honnête : c'est clairement elles ou moi.
-« Et où veut-il en venir ? », vous demanderez-vous à peu près à ce moment en trépignant...
Tout ça pour dire, et pour résumé (et on en a bien besoin), qu'arachnophobe et grosse araignée ne font pas bon ménage et que ça ne pousse pas à jouer au héros...
Et pourtant. Et pourtant...



Le Jeffon Maltais - Part II



Ma chérie, qui est fantastique (mais est-il besoin de le préciser ?), n'a que très peu de défauts... si peu en fait, qu'elle n'en a que deux, qui ne vont même pas de pair. Le premier, c'est qu'elle a tout le temps raison, ce qui est agaçant, et le deuxième... et bien, elle n'est pas arachnophobe. Oui, je sais c'est plutôt bien et ce n'est pas un défaut. D'ailleurs, elle me sauva bien souvent de monstres aussi gros qu'une pièce de 20 pences et assoiffés de sang (... de sang d'insectes, peut-être, mais de sang quand même) ; le tout armée d'une simple feuille et d'un verre, autrement dit, presqu'à mains nues ! Quelle bravoure ! Et son défaut alors ? Et bien, malheureusement et malgré tout ce qu'elle a pu me dire depuis des années, pour elle, la taille est importante (non non, toujours les araignées). Plus elle sont grosses, moins elle a envie de les toucher (je vous vois ricaner vous savez...)... Si bien que quand nous rencontrons l'une de ces horreurs sur-dimensionnées décrites ci-dessus, elle se pétrifie, elle se paralyse, elle se crispe de partout, en gros, elle ne bouge plus et c'est à moi, l'arachnophobe, d'agir en homme, ce qui dans de telles situations, et ce malgré des attributs génitalo-anatomiques plus que significatifs, ne me vient pas naturellement...

Pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, alors que je couchais ma petite famille, l'une de ces fâcheuses situations se présenta, telle un cheveux sur la soupe, mais en plus gros et en plus velu (
imaginez ! Plus velu qu'un cheveux ?!). J'installais le petit dernier de la smala (nous ne sommes que trois pour l'instant, c'est encore une petite smala) dans le lit de papa et maman... Oui, vous l'aurez compris, la huitième merveille du monde dort dans la plus petite partie du lit parental... parce que son fils, d'un mois, et sa femme de dix (nous ne sommes mariés que depuis dix mois, suivez...) prennent toute la place. J'attrapais quelques peluches de Sa Seigneurie pour lui en faire un rempart, dans le cas plus qu'improbable qu'Erwan soit la réincarnation du Grand Houdini et qu'il puisse rouler sur lui-même sur près d'un mètre (mais allez expliquer ça à sa mère), quand le moment idyllique, dans l'éclairage feutré de notre nouvelle chambre à coucher, tournât au cauchemar. Là, sous la dernière des peluches, que je venais de jeter négligemment sur le lit, entre nos oreillers, dépassant seulement de la moitié de son énorme corps (donc de quatre pattes) l'immonde Tarentula des secondes parties de soirées de mon enfance, quand messieurs Eddy et Jourd'hui nous faisaient l'éducation cinématographique à grands coups de séries B en noir et blanc et quand les bras de papa étaient là pour me protéger des profanateurs de sépultures et autres créatures du lac noir, en ayant fini de terroriser hommes et troupeaux (c'est Tarentula qui terrorise, pas la créature du lac noir, enfin... si aussi, parfois mais pas là) dans le désert de l'Arizona (mais aussi, pourquoi gardent-ils des troupeaux dans le désert ?), avait décidé de venir faire un tour dans la blancheur immaculée de nos draps propres...

D'instinct, je fais rempart de mon corps pour protéger femme et enfant... Bon, en fait, je ne bouge pas, pétrifié par l'horreur d'une seule pensée : « Oh mon dieu ! Cette chose était à moins de deux centimètres de ma main !! Ce... Cette chose aurait pu me grimper le long du bras et planter ses deux énormes crochets... crocs... mandibules, que sais-je, ses deux énormes trucs à l'avant dans ma jugulaire offerte me laissant à une mort glougloutante devant ma veuve et mon orphelin. », mais dû à un heureux hasard géographico-topographique, ça le faisait bien, brave et tout, et vachement rempart, moi qui ne suis pourtant pas d'âge mûr.
Derrière moi, j'entends ma femme retenir sa respiration dans un bref râle d'effroi (
ou mon fils qui rote). Mon sang ne fait qu'un tour... et puis continue par la magie du système circulatoire. Je me reprends d'un coup alors que je transpire déjà à gros bouillon, c'est donc délicat puisque je glisse, et je demande à ma femme de sortir et de cacher l'enfant au cellier, de faire bouillir des draps et de préparer de l'eau propre, on est jamais trop prudent. C'est entre moi et le monstre. Un duel... jusqu'à la mort... probablement la sienne.

Tels deux gladiateurs se jaugeant avant un affrontement titanesque, nos regard se rencontrent et nous restons un court moment les yeux dans les yeux, tout mon un et demi joli dans ses huit libidineux, dans un défi silencieux ; le calme avant la bataille... Et d'un coup, ça commence ! L'horreur octo-patibulaire, sentant la raison du plus fort lui arriver sur le coin de la gueule, se carapate sous le lit. Je jette oreillers et nounours en tous sens. D'un geste puissant et en un seul tour de rein, je retourne le matelas. Si je la perds de vue, c'est foutu ; on ne dormira pas dans la chambre ce soir... nous devrons certainement également déménager.
L'arachnide domestique géante est là, tapie au pied du mur, bien au milieu, sous le lit. Je brandis mon arme improvisée, à ce moment de l'histoire, une bouteille en plastique vide, la première chose qui m'était tombée sous la main, alors qu'un cri féroce et guttural s'échappe de ma gorge. L'empêcheuse de dormir en rond reprend sa course et tente une percée pour le côté du lit où je n'étais pas. Je laisse retomber le matelas et me précipite de l'autre coté de notre couche, maintenant à jamais souillé (
ce qui me rappelle encore mon fils, allez savoir pourquoi...). Je soulève immédiatement l'autre moitié du matelas dans la foulée et dans un grand craquement (mon dos je crois). Je suis toujours volviquement armé et je scrute. Et je ne la vois pas. Je l'ai perdue. J'ai perdu. La monstruosité a vaincu...

Quand soudain je remarque deux horribles appendices velus qui dépassent d'au dessous d'un caleçon égaré là... sûrement celui de ma femme car ce n'est vraiment pas mon style, ah ça non, moi qui vais jusqu'à repasser mes chaussettes. Je bande,
surtout mes muscles et implacable, je frappe... Pour m'apercevoir que ma bouteille ne passe pas entre les lattes du sommier. Le regard fiévreux et pris d'une bouffée de panique, je cherche désespérément des yeux une autre massue de fortune. Aha ! Sur la table de nuit. Un dictionnaire. De rimes. Mais de poche ! L'immonde en profite pour s'échapper et rebrousse chemin. Je me re-précipite, ma nouvelle arme en main, et je me re-re-lumbagote en vrai haltérophile matelassier. Je la repère de suite et sans hésitation, sans réfléchir plus longtemps, j'assassine dans une frappe chirurgicale et violente.
Son petit corps recroquevillé, un peu plus plat, gît sous mon lit, animé de quelques derniers spasmes dans l'une des pattes qui n'est pas restée collée en quatrième de couverture. Je n'éprouve aucune fierté, juste un grand soulagement... et peut-être un peu de honte d'être soulagé et légèrement essoufflé.
Mais bien sûr, aux yeux de ma femme, je suis un héros, j'ai vaincu ma peur, j'ai vaincu le monstre. J'ai écrasé une bête araignée.
Je l'enlace et l'embrasse (
ma femme bien sûr) et nous nous couchons, enfin, fourbus, le cœur encore palpitant de la peur primale ressentie ; mais heureux de pouvoir chercher le réconfort dans les bras l'un de l'autre et dans un sommeil bien mérité.

Cinq minutes plus tard, je rallumais la lumière et allais chercher mon fils au cellier.

En regardant partout. Juste au cas ou.



The Fin.