Welcome ! Bienvenue ! Willkomen !

Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

Merci de votre indulgence.


And, for our English speaking friends, this way please : Jeffw's Inn

(Oh ! And this is a literary blog, by the way)


samedi 5 décembre 2009

Gros grain d'orge...



« Ton thé t'a-t-il ôté ta toux ? »
La question me désarçonna. Je venais de finir ma cinquième tasse de café noir et n'avais plus toussé depuis 1954.
Elle continua dans l'improbable en ajoutant, ne s'adressant à personne en particulier :
« Tes laitues naissent-elles ? Car si tes laitues naissent, mes laitues naitront. »
« Tu sors toujours avec cet orthophoniste ? », m'enquis-je.



jeudi 3 décembre 2009

The Land of the tiny zombies



I was trapped.
The second I passed that door, I knew I was trapped.
Behind me, the combination lock resetted itself with the most definite 'click'.

In the violently bright coloured room, under the crude neon light, I lowered my eyes and... I saw them.
There were five or six of them, it was hard to tell. Some were walking and hobbling in that fashion made famous by the undead of the cinema, some crawling, dragging their bodies on the ground with their small claw like hands. All their eyes riveted on me, their arms outstretched to grab my legs. All moving, ever so slowly, moaning and dribbling, towards me.
I realised that my son was still clinging to me and... that he was one of them, ready to rip any trace of affection out of me.
I passed him to the lady standing there and I wondered.
I wondered if they reacted in the same way when a mum entered their kingdom... because, for a dad, the crèche was a very strange universe.


dimanche 22 novembre 2009

Jeffw partout...



Quand Jeffw fait son intéressant chez les autres, ça donne ça :

- Daï et Poushkine sur le très chouette blog de Françoise Guérin, Mot Compte Double, où je suis en très bonne compagnie et que je vous invite à découvrir et parcourir.

- Et quelques 807 sur le blog du même nom, de l'excellent Franck Garot... avec l'explication du pourquoi du comment ici.

Aujourd'hui, la blogosphère, demain, le monde !!
* Déclaration suivie d'un rire de savant fou et mégalomaniaque que je fais très très bien *


vendredi 13 novembre 2009

Four Wheeled Shelter

Told you we would see him again... Rupert returns !... to do nothing, as usual...
But don't miss him in 'Death and the Numskull' ('La Mort et l'Ahuri'), is last, and probably only, true adventure ! Soon !


Rupert Rutherford (the third) was at the wheel of his pristine Ford Capri, like every morning, at 8.12am. And, as usual, like the traffic surrounding him, he was going nowhere fast. Birthday or not, the M4 was as grey and sluggish as it has ever been. But Rupert didn't mind. There's not much that Rupert minded.
He was comfortable, warm and dry, and breathing in the faintest pine wood smell of a very sober looking air-freshener. Rupert didn't really love this car – he wasn't exactly of the petrol-head type – but he had a strong sense of gratefulness towards it. It was, in a way, his sanctuary. He always felt secure in this beige interior... and he secretly liked the almost corduroy fabric of the seats.
He had bought the Ford second hand, a couple of years ago, and had been relatively proud about it – unlike his wife, Bernadette, who positively hated the car – not so much because it was a bargain, it wasn't, but it had been very clean... and still was.
In the background, Radio 4 was playing, on the verge of human perception, some inane babbling on subjects that had no interest to Rupert.



mardi 10 novembre 2009

Florilège de diverses qualités



Un nouvel arrivage sur mon petit blog
à moi !
Si vous étiez en mal de lecture, vous allez
être servis... et il y en a pour tous les goûts, avec :

- Peut-
être le début d'une saga : Sipattes, l'araignée.
- L'étrange et venu de nulle part :
Tabloïds
- Du fantastique, avec : Cœurs de pierre
- De la jalousie, avec : La Proverbiale Vipère
- De la S-F n'importequoitisante, avec :
Le Messager
- Et de l'anglais, avec le tr
ès bref : Far Shores

Bonne lecture !... avec un peu de chance...

Sipattes, l'araignée.



Sipattes, l'araignée, portait bien son nom. Elle en avait perdu une à un amant jaloux – jaloux de n'avoir pu lui en manger qu'une, alors qu'elle le dévorât en entier – et l'autre, à un enfant trop curieux. Son infirmité lui valait souvent les quolibets et les brimades de ceux de son espèce, qui la traitaient d'insecte. Elle ne s'en souciait pas. Elle ne rencontrait ses congénères que pour les repas, où les conversations tournaient court et s'achevaient généralement au ton de : « Noon ! Aaaargh ! Aaah, nooon ! Rhaaa... *couic!* »... Sipattes était de l'étoffe des survivantes.

Elle vivait dans une baignoire. Normalement, une gigantesque prison d'émail pour les siens. Mais cela ne la dérangeait pas, elle y était heureuse. Elle y trouvait tout ce dont elle avait besoin et la baignoire n'était jamais utilisée, un problème de douche, apparemment. Elle avait régulièrement la visite d'un géant lourdaud qui, pour une raison qui échappait à l'araignée, lui apportait des compagnons ou des proies... le plus souvent, les 2 en 1. Insectes estropiés, Bzzbzz qui ne bzzbzzaient plus et d'occasionnelles arachnoïdes, dont il devait simplement se débarrasser dans l'espoir qu'ils se débrouillent entre eux... L'humain, car c'en était un, avait, aussi, l'agaçante manie de lui souffler dessus, produisant des bourrasques soudaines et violentes, dans le but plus qu'évident de la faire bouger, aux cris extatiques et surexcités d'une plus petite version de l'humain. Elle détestait ça.
Car elle savait se méfier de l'homme. Elle avait été témoin, un jour qu'elle avait réussi à grimper un peu plus haut que d'habitude le long de la paroi lisse – juste pour le sport – de la fin tragique de Grégorie.

Grégorie était une tégénaire, comme elle – et oui, Sipattes s'était également fait la réflexion que Grégorie était un nom idiot pour une araignée – mais bien plus large. Elles avaient cohabité plus ou moins aimablement pendant presque tout un jour. Le sujet du handicap de Sipattes n'avait même été que très superficiellement abordé... Malgré sa taille respectable, Grégorie avait fini écrasée par un torrent déversé d'un seau et emportée à grande vitesse dans l'évacuation, sans jamais être revue...

Un jour que l'homme devait être mal luné, il essaya de se débarrasser de Sipattes. Elle le vit venir de loin, colossal peut-être, mais d'une lenteur... et, sans même s'essouffler, elle courut s'engouffrer dans la bonde et le tuyau au-dessous. Elle était peut-être estropiée mais presque toujours aussi rapide qu'auparavant. Elle se demandait souvent ce qu'il en serait de l'humain, si il en venait à perdre deux pattes. Elle se réfugia dans un abri de toile, tissé peu après la disparition de Grégorie, qui constituait un surplomb solide au-dessus d'elle et retenait toujours une bulle d'air, et elle regarda passer la cascade.

Elle attendrait sûrement un jour ou deux avant de refaire surface et de faire le bonheur de l'enfant, qui savait que dans la baignoire de la salle-de-bain-du-fond-dans-laquelle-il-n'avait-pourtant-pas-le-droit-d'aller, vivait une petite merveille.


Tabloïds

Attention ! Contient gore et mort d'enfants.


Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Rien. Absolument rien.
Le bébé jouait sur l'appui d'une fenêtre basse, comme d'habitude après le bain... C'était l'heure du coucher et il devait sûrement faire le pitre dans sa grenouillère propre. Les grenouillères ne sont pas réputées pour leurs semelles antidérapantes. Quand le petit avait basculé en arrière,
il n'y eut rien que le père pût faire. Ça avait dû arriver avant... mais cette fois, le verre céda.
Des échardes de verres clouèrent l'enfant à la nuque et aux épaules sur le montant de bois, juste assez longtemps pour que la gravité transforme ce qui restait de la vitre en lame étincelante, qui s'abattit. Il fut décapité net, juste en dessous du maxillaire. La partie supérieur de sa petite tête blonde alla rouler dans le parking plus bas. Trois petites incisives dépassaient encore, grotesquement, de la mâchoire inférieure, à la lisière de la plaie béante et obscène où s'était trouvé son visage.
Qu'aurait-il pu faire d'autre, le papa ?
Les yeux écarquillés, la bouche ouverte dans un cri muet, éclaboussé du sang de son fils, ses bras encore tendus vers le petit corps sans vie, il avait dû comprendre tout de suite. Comprendre qu'il n'y avait aucun espoir. Comprendre que sa culpabilité finirait par l'étouffer, il n'avait pas pu le rattraper. Comprendre qu'il ne pourrait survivre à son enfant. Qu'il ne pourrait pas supporter cette vision d'horreur qui se rejouait déjà en boucle, envahissant tout son univers. Jusqu'à ce qu'il s'empare, d'un geste impulsif, d'un éclat de verre tranchant, se lacérant les doigts, et que, d'un seul mouvement, il ne s'ouvrit la gorge.
Qu'aurait-il pu faire d'autre ? Rien. Absolument rien.

Un abjecte accident et un suicide.
C'était la conclusion de Wilkinson et celle du légiste. Aucun doute à avoir.
Bien sûr, c'était avant que les rapaces de la presse ne s'emparent de l'affaire – affaire ?! Mais quelle affaire ? - tout ça était ridicule, vomitif...

Le père était devenu un monstre.
Un tueur psychopathe qui, à la fin, s'en était même pris à sa propre famille. Les fouilles merde avait réussi à lui épingler sur le dos presque toutes les morts d'enfants accidentelles et sanglantes du coin, de ces huit dernières années. Avec un peu de vocabulaire, c'était facile de jeter une ombre de mystère sur n'importe quel fait divers, même de vieilles affaires classées... Ils s'en étaient donné à cœur joie, les vautours. Et, bien sûr, monsieur Vernier était étranger, français !... Il était devenu l'ignominieux Doctor Guillotine de leurs Unes à deux balles. Ça avait duré des semaines... encore maintenant...
Michael serra les dents de rage.
Ah ça ! L'année dernière, quand l'autre ordure avait cassé sa fille en deux sur son genou, comme on brise une branche, une brindille, comme ça, par colère, sans même l'excuse de l'alcool, ils l'avaient moins ramené, ces messieurs des tabloïds ! Il faut dire qu'il était vivant, lui. Seulement en prison, lui. Qu'il finirait bien par sortir, qu'il pouvait toujours les attaquer en justice pour diffamation, lui. Qu'il pouvait leur couter de précieux sous... Et puis, il était anglais. Une raclure peut-être, mais une raclure nationale. L'un des leurs...

D.I. Wilkinson – son patronyme ne l'avait pas aidé sur ce coup ; un gamin décapité, une gorge tranchée et un nom de rasoir, dans une tempête médiatique ?... – D.I. Michael Wilkinson repoussa le journal, dégouté. Il avait besoin d'un verre... ou deux.
Où est-ce qu'ils trainaient maintenant, ces grattes-papier prétentieux ? Soho ? Mayfair ? Il trouverait bien l'un de leur repère, un petit pub à scribouillards de bas-étage... Avec un peu de chance, si le whisky ne lui passait pas le goût bilieux qu'il avait au fond de la gorge, il pourrait toujours écraser son poing sur la gueule d'un de ces connards.

Même si tout ça n'avait plus d'importance pour la veuve...

Il était passé la voir aujourd'hui. Prouvant qu'il pouvait encore rester un fond d'humanité et de compassion, après 23 ans à faire le flic.
Elle était internée au W. Shelley-Smyth Psychiatric Ward.
Depuis l'accident, ils n'avaient rien pu en tirer... Elle avait fermé boutique. Les fonctions vitales étaient assurées mais c'était tout, service minimum – catatonie cataleptique extrême, apparemment, ou un truc du genre, il n'avait pas vraiment écouté – il y avait de la lumière, mais plus personne à la maison.
Il l'avait trouvée au jardin, où quelqu'un l'avait poussé un peu dans son fauteuil, pour qu'elle prenne l'air, avant de se lasser et de s'en désintéresser.
Pour la première fois depuis des mois, il avait remarqué quelque chose. Quelque chose d'inhabituel, d'effroyable, presque imperceptible...
Un bref éclair de lucidité dans ses yeux morts.
Elle était toujours là, quelque part...
Il l'imaginait, enfermée à l'intérieur d'elle-même. Hurlante.
Hurlant à jamais.



Cœurs de pierre

Jeu nº73 : Thème : Gothique.
Contrainte : doit inclure une atmosphère et un lieu angoissants, un élément de surnaturel et... un clown.
Ce texte a fini troisième.


Le vent sentait la neige, alors qu'octobre, mourant, n'avait pas encore succombé à novembre. Comme si l'automne, son œuvre foliumicide accomplie, était déjà prêt à laisser place à l'hiver. Le froid mordant me glaçait jusqu'aux os, le cimetière ne semblait plus être une si bonne idée. Je ne sais pas ce qui m'avait poussé à y venir en premier lieu. L'incrédulité de la jeunesse peut-être...
Je n'avais que dix-neuf ans et je ne croyais pas aux légendes.
À ce jour, je ne suis toujours pas certain des événements de cette nuit funeste.

Une lune gibbeuse apparaissait aux travers de nuages sombres. Sa pale lueur allongeait les ombres des tombes qui m'entouraient. Une forêt macabre d'ancêtres oubliés, au milieu de laquelle quelques arbres véritables et décharnés découpaient des silhouettes de ténèbres plus profonds dans l'obscurité. Assis sur le marbre craquelé d'un défunt anonyme, j'observais les statues.
La ballerine et le clown hilare.
L'histoire voulait que de leur vivant, ils s'étaient aimés d'une passion secrète et interdite. Une sorte de Roméo et Juliette saltimbanques... Leurs regards avaient été seuls messagers de cet amour muet. Ironiquement, après le grand incendie, leur dépouille furent mises en terre presque cote à cote. Un unique mausolée, prétentieux de simplicité, déniait aux sculptures ornant leur sépultures le moindre espoir de ne serait-ce qu'un regard. On racontait qu'une fois tout les vingt ans, la veille de la Toussaint, elles prenaient vie, l'espace d'une nuit. Une idée romantique et loufoque, qui n'aurait pas eu les grâces d'un roman à deux sous et qui nous faisait bien rire... jadis.
J'avais dû m'assoupir un court instant, malgré la température hivernale, mais je m'éveillais en sursaut. Une main glacée venait de me saisir au poignée. Je me retournais pour découvrir mon assaillant ; mon cri d'effroi fut étouffé par des lèvres froides, d'une douceur improbable, qui se collèrent aux miennes dans un baiser soudain, un corps d'albâtre se pressant contre moi. Je fus submergé par de violentes émotions, qui m'étaient jusqu'alors étrangères. Je répondis avec avidité à l'étreinte empressée. Dans le tumulte fougueux qui s'ensuivit, je ne discernais plus ce qui était charnel et ce qui ne l'était pas. Je perdis toute idée de réalité et, je crois, conscience. Quand je sortis de ma stupeur, je me découvris échevelé et dévêtu, alors qu'une brume glaciale s'était levée. Désorienté et ne trouvant nulle trace de ma belle inconnue, je décidais de quitter les lieux au plus vite. La ballerine était à sa place, mais ne l'avait-elle pas toujours été ? Je fus par contre frappé d'horreur devant l'autre stèle... Le clown ne souriait plus. Son visage n'était maintenant qu'un masque de haine, dont je ne pouvais qu'être seul l'objet. Deux coulées sombres brillaient faiblement sous ses yeux morts pourtant incapables de larmes. Pris de panique, je me mis à courir, imaginant l'amant de pierre à ma poursuite, trop terrifié pour me retourner.

J'ai fui ainsi pendant dix ans, par delà le monde. Et j'ai ensuite vécu comme un reclus, cloitré, victime de cette terreur incertaine... jusqu'à maintenant.
Demain, sera le vingtième anniversaire de cette nuit et je retournerai au cimetière.
Pour en avoir le cœur net.
Pour la revoir...
Ou l'affronter, lui.


La Proverbiale Vipère

Jeu nº72 : Thème : la jalousie.
Contrainte : inclure les mots Argent, Escalier, Vide, Dauphin et Hésiter.
Ce texte a fini dans les limbes du classement...


Bien sûr que cela avait été pour l'argent. On ne devenait pas le secrétaire particulier du Prince par patriotisme ou par amour de sa personne. Non. Pour l'argent et pour le pouvoir... la désillusion ne venait que par la suite...

Il reprenait son souffle dans l'un des escaliers de service, épiant le moindre son dans la demeure. Ces bruits, qui lui avait été si familiers auparavant, semblaient être devenus hostiles et menaçants. Il était vêtu de ses habits de voyage mais fut pourtant parcouru d'un frisson. Sur son épaule pesaient deux lourdes sacoches de cuir.

Des années il était resté dans l'ombre de cette baudruche. Lui servant de femme de chambre, de laquais, voire de nourrice, quand son Altesse Royale était indisposée. Un vulgaire esclave, rien de plus. Alors que c'était lui qui maintenait le tout à flots et à bout de bras... Lui, qui utilisait toutes les fibres de son intelligence pour remplir les coffres que les orgies de son Maitre laissaient vides. Placement, prêt, usure, extorsion, chantage, tout avait été bon, il avait utilisé tous les artifices, tiré toutes les ficelles. Pour quelle reconnaissance ? Aucune... Le benêt, qui prenait tout pour acquis, ne remarquait jamais rien, bien trop occupé à organiser la prochaine grande fête pour ses relations à la mode. Une cour arrogante et prétentieuse qui vivait à ses crochets, tels des parasites collés à un requin édenté et imbécile, trop borné pour discerner les poissons-pilotes des sangsues... Et lui, le petit, l'obscure, l'insignifiant, s'était toujours tenu en marge de la liesse, regardant l'emperruqué princier dilapider la fortune qu'il avait su patiemment amasser... et il l'enviait. Tous ces plaisirs défendus, il y avait droit aussi ! Il languissait secrètement pour cette vie de miel et de délice ; il désirait ces nuits de luxure et de débauche de toute son âme. En finir avec la misère et le labeur... Cesser de trimer pour ce dauphin qui ne serait jamais roi, tout au plus un bouffon...

Il était inévitable que cela se termine ainsi.
Dehors, l'attendait l'éblouissement d'un jour d'été et un nouveau commencement, qui lui tendait les bras ; une étreinte dans laquelle il pourrait enfin disparaître et se perdre. Adieu le Prince de sang...
Dans les poches des sacs, il sentait le poids des bons du trésors, de l'or et des bijoux, et même de quelques pièces d'argenteries qui s'étaient trouvées là. Autant le larcin l'avait rebuté, autant le régicide l'avait à peine fait hésiter.

... Encore une courte volée de marche, un couloir étroit et la porte, et il serait enfin libéré. Il fut brièvement aveuglé par le soleil bas, la simple chemise de coton qu'il portait ne faisait rien contre la morsure du froid matinal. L'automne était arrivé sans qu'il le remarque. Quand sa vision revint, il aperçut l'ombre tant redoutée sur les pavés de la petite place. Il leva les yeux. L'échafaud n'était pas si menaçant, après tout.


Le Messager



~ Transcription de l'audio-journal du Contremaitre Gadsby Jackson, Chef d'équipe Prospection Minière pour S.T.A.R* – Mission : Callisto I – 14/03/2183 – Callisto, 4ème lune de Jupiter ~

> Last entry_
> Day 11_
> 03:34:22_
> Sender= G.Jackson_
> To: S.T.A.R_


... arche ce truc ?!

*Bruit d'électricité statique*

*Grognement faible*

Humpfff...

... À ceux qui recevront ce message : ATTENTION ! Ceci n'est pas un mayday. Je répète, ceci n'est pas un mayday. Ceci est un avertissement !
Nous ne sommes pas seuls. ... pas seuls...
... gnnn...

... Tout s'est barré en sucette... Les hommes se sont tous... Je...

*Silence*

Il y a 3 Jours Terrestres, à 800 heures, nous sommes passés dans l'ombre de Jupiter. Deux JT plus tard, la nuit est enfin tombée sur ce misérable caillou... et quelque chose s'est réveillé. réveillés
Les hommes ont commencé à se plaindre. Ils parlaient de comportements étranges d'autres membres de l'équipe... Ils ont commencé à se méfier les uns des autres. paranoïa Sûrement de la paranoïa due à l'isolation... Il n'empêche, tout a dégénéré rapidement. Mike a lancé l'hypothèse d'une contamination, mais on ne se rendait pas compte... On ne pouvait pas les voir ! Rhaaa...

*Respiration difficile*

... les hommes ont commencé à se battre... Ils... Ils se sont tous entretués...
Je n'ai pas vu Kovalevski depuis plus de 10 heures. Je crois que je suis le dernier. le premier

*Pause dans l'enregistrement*

Je sais maintenant que nous avons été attaqué, pas attaqué nous ne sommes pas seuls ! pas seuls
J'ai été 'piqué' aujourd'hui... à l'épaule droite. Quelque chose est en moi. oui Je le sens bouger... c'est dans ma nuque. C... Aaargh !... Ça fait un mal de chien... chien ?
Je répète : ceci n'est pas un mayday ! Ceci... Aaaah ! Ceci est une invitation ! Non ! Tous les problèmes ici seront bientôt réglés. ... au secours... Tout va rentrer dans l'ordre, prêt pour votre arrivée. Nous sommes désolés pour les quelques inconvénients occasionnés. à l'aide ! Mais tout ceci était indispensable pour éviter de futures difficultés de communication. Je répète donc : venez, non !... venez, nous vous avons attendu depuis si longtemps.
_



* Société de Transportation et d'Astro-Régulation : Consortium chargé de la réglementation et de l'acheminement des ressources naturelles dans l'ensemble du système solaire.

Far Shores



The long day on Callisto was finally coming to an end. The small sun, still visible beyond the shadow of the giant Jupiter, was slowly going down on the horizon of the dark green sea. No waves came on the molten lead like surface to disturb this ideal picture. The first stars shone through the iridescent sky and its outstretched violet clouds... Gadsby had all the difficulties in the world(s) to refrain from going for a swim in that perfect sunset.
Sulphuric acid wasn't something to trifle with...


jeudi 5 novembre 2009

Insignificant Morning Ritual

Let me introduce you to Mr. Rupert Ruthford III. You will soon meet him again, in circumstances far more dramatic...


Rupert's day started like any other day.
After cooking their breakfast and sending the children on their way to school, he was standing in the kitchen, busy preparing his pack lunch before leaving for work. One sandwich – brown bread, two slices, margarine on one, mayonnaise light on the other, ham, one slice, lettuce, two leaves – and one apple, peeled and pre-cut in quarters, as usual. In the process, he was sipping, absent-mindedly, his weak white decaffeinate coffee with, as it was his birthday, one sugar, lost in no particular thoughts.
His wife, Bernadette – who's parents wanted a boy and weren't far off the mark – was still upstairs, having a lay-in, like every Monday, Tuesday, Wednesday, Thursday, Friday and Saturday. On Sunday, she would generally indulge in a longer one, followed by a nap.
Today, she would eventually rise and carry on with her mysterious daily routine. Rupert never dwelled upon what she could fill her time with... Rupert never dwelled upon much.


mercredi 7 octobre 2009

In English, if you please !



Allez, pour l'occasion, je fais péter la Niouse !

Voici mon premier vrai texte écrit en anglais, un très courte nouvellette : Chris
Ainsi qu'une autre nouveauté aux saveurs exotiques : Trampa a Simplón

Et très prochainement : De nouveaux textes !
Ce que vous avez comme chance, tout de même...



Chris



It was reduced to a pulp encrusted in the irregular asphalt of the road. In places, some tufts of blood matted hair were sticking out. It could have been a cat... or a large squirrel. Chris was far away from those considerations. He was three and busy poking it with a stick, cocking his head on one side.
- “Christopher, come here ! We're going to be late !”
Regretfully, he left his gruesome find and went to meet his mother in the driveway.

Once in the car, she tried to calm herself down. What would his father say ? Him and his new bimbo... It wasn't her fault if they were always late everywhere... She knew she could barely cope with the situation : her son, her job, the house, the mortgage, that useless ex of hers... She had already enough on her mind without his constant reproach and incessant criticism... And now, with the cat who disappeared...
- “I've seen Pooky”, said Chris absent-mindedly, out of the blue.
- “Oh ? Was he fine ?
- It didn't say...”
What a strange child, she thought.



Trampa a Simplón



Jeu nº70 : 4 incipits :

« Le chauffeur de taxi se disait que Becky était un beau morceau. »

« Peu avant l'aube, Pedro Santana fut réveillé par la lampe à pétrole qui fumait."

"Connaissez-vous le nec plus ultra en matière de transport ?"

"Paulette Lestafier n'était pas si folle qu'on le disait."


Le but est de les intégrer, dans l'ordre de son choix,
à un récit cohérent, sans en changer ne serait-ce une virgule...
Ce texte a fini second.



Peu avant l'aube, Pedro Santana fut réveillé par la lampe à pétrole qui fumait. Dans un grognement, il fit comprendre au clodo d'aller finir son mégot ailleurs, et redressa le siège de son véhicule. La lampe à pétrole s'éloigna de l'antique Volkswagen, avec un ricanement mauvais. « La tempête arrive! » cru-t-il bon d'ajouter aux grincements de son caddie et aux cliquetis de ses dizaines de lanternes bringueballantes... Pedro s'extirpa de la voiture en maugréant : « ¡C'est ça, cabrón! Tu ferais mieux de te trouver un vrai nom! ». Il alla se soulager longuement sous le pont, où il avait garé son taxi pour la nuit.
En même temps que sa vessie, son humeur s'allégea; aujourd'hui serait une bonne journée.
La veille, il s'était assuré, à coup de baksheesh, une place à la station de taxi du Terminal d'Autobus Est. Ce n'était pas l'aéroport, mais il y avait toujours l'espoir de s'attraper un bon gros touriste...
Déjà, des auréoles sombres essayaient de reconquérir les frontières salées déposées par celles de la veille, sur le tissu délavé de sa chemise fatiguée. Il regagna la coccinelle verte et l'engagea dans le trafic engorgé des matins de Mexico City.

Il était midi. Le chauffeur de taxi se disait que Becky était un beau morceau. La graisse lui dégoulinait des commissures jusqu'au menton mais il replongea la main dans son carton de Becky's Bocboc Buckett, le meilleur poulet frit de Tepito!
« Connaissez-vous le nec plus ultra en matière de transport ? »
La voix le fit sursauter et il faillit s'étrangler sur son pilon.
« Euh... mon taxi ? »
« Non. Mais ça fera l'affaire pour le moment. Roulez. »
Il jeta un regard faussement indifférent dans le rétro. La femme qui s'était engouffrée sur la banquette arrière était petite et d'apparence stricte. Elle avait un accent prononcé – française ? – mais pas de valise. Pedro fit une moue dubitative, une touriste quand même...
« On va où ? »
« Hotel Capitol. Et pas la peine de me balader. »
Ah ! Le code international pour : s'il vous plait, monsieur le taxi, prenez mon argent.
Il lui fit faire le grand tour.
Il eut même l'idée de génie, après avoir épuisé tous les charmes de Notre-Dame de Guadalupe et du Palacio Nacional comme moyen de diversion, de suggérer le periferico, pour éviter les embouteillages du Zócalo. Sa passagère restait imperturbable et maintenait un flot continu de questions sur l'architecture et les monuments. Malgré ses airs sévères, elle avait l'air ravie et prenait beaucoup de photos. Il était vraiment tombé sur la Pigeonne de tous les pigeons.

Ils atteignirent l'hôtel en trois heures et le compteur affichait une véritable petite fortune.
Le retour sur terre de Pedro se fit sans parachute.
« N'est-ce pas la gare routière que j'aperçois de l'autre coté du parc ? »
Ce fut dit très innocemment.
« Je pense que 5 dollars suffiront amplement pour la course. »

Alors que le taxi s'éloignait rapidement, Paulette se tenait sur le trottoir, triomphante. Demain, achat de souvenirs pour parents et amis et retour à l'aéroport. Elle leur avait dit. Il suffisait d'un peu de jugeote et d'organisation. Tout Mexico en 24h sur un petit budget, c'était possible! Paulette Lestafier n'était pas si folle qu'on le disait.



mardi 1 septembre 2009

A la lettre.



Jeu n°68c
:
Phrase de début
imposée : " Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse ".
Ce texte a terminé 2eme.


Parmi les papiers, il y avait une lettre curieuse, en évidence, sur le bureau qui nous séparait. Et moi, comme un con, je n'avais pas pu m'empêcher de m'attarder dessus. Juste une seconde de trop, c'était déjà trop tard. Je savais que je n'y couperais pas.
J'avais l'impression que mes jambes étaient en coton. Debout, comme ça, devant mon tortionnaire...
L'angoisse me vrillait les tripes.
Il se faisait appeler Maître.
Comme marque de respect, j'avais toujours pensé 'monsieur' suffisant. J'avais tort.
Il était de la vieille école.
Mais qu'est-ce que j'avais fait ?! Rien ! Et à personne. J'étais tranquille dans mon coin, à m'occuper de mes affaires. Quand d'un coup, cueilli dans la foule ! Sans prévenir. Au hasard... pour me retrouver là...
Je jetais un œil furtif vers la fenêtre. Je n'aurais pas du. La lumière du dehors m'aveugla pendant quelques instants... Mes yeux piquaient déjà avant. Je sentais des larmes de frustration qui menaçaient, qui montaient pour atténuer la douleur ; mais pleurer était la dernière chose que je voulais faire.
Je sentais dans mon dos qu'on m'observait. On épiait ma moindre réaction.
Une sueur froide me couvrait le front. Mes jambes me faisaient mal maintenant. Et une sensation familière et déplaisante me taraudait le bas-ventre... Je n'allais quand même pas me pisser dessus ?! Pas devant Lui.
L'énorme boule que j'avais dans l'estomac manqua de se transformer en une peur panique déferlante, quand je vis sa main massive se diriger vers la lettre et s'en emparer.
Sa silhouette démesurée et improbable me surplombant, il me la présenta, le sourcil inquisiteur. Ses yeux me perçant de part en part.
Ma gorge était sèche... Je ne pouvais même pas avaler ma salive.
Je savais que si je parlais, ma voix tremblerait, craquerait.
Je ne pouvais pas... et puis, je n'avais rien à lui dire, moi !
Mais je ne pouvais plus reculer...
« K ? »

Un large sourire éclaira le visage de monsieur Bertrand. Il m'ébouriffa les cheveux, dans un geste amical. « Eh ben, tu vois Paul, quand tu veux... Tu le connais ton alphabet. Tiens. Allez, va t'asseoir. »

Je me retournais, sous les regards mi-envieux, mi-appréciateurs de mes copains de classe, et je repartais à ma place, tout courant. J'étais gonflé de fierté. Dans ma main, je serais bien fort un bon point. Mon premier bon point.
En fait, le CP, c'était facile.
Je savais même déjà l'écrire.


Ce matin...



Aujourd'hui il n'y avait pas de paysage.
Brume et brouillard sont venus taper aux carreaux.
Le jardin était tout cotonneux.
La campagne était calme.
Rien ne bougeait.
Pas un bruit.
Pas un son.
Tranquille.

Je serais bien retourné sous la couette...


Ce matin 2...



Ce matin, le paysage est morne et mort.
Le ciel bas, gris et couvert.
De lourds nuages roulent sur nos cœurs...
Tu ne me parles pas.
Je ne te parle plus.
Le vent se lève.

Saurons-nous éviter ce naufrage ?


mercredi 19 août 2009

Parce que ma mémoire est pleine d'écueils...



J'ai mis en ligne aujourd'hui - archivé dans Février 2009 - l'oraison, ou plutôt, l'hommage que j'ai écris et lu aux funérailles (... ne soyez pas idiot, bien sûr que je l'avais écrit avant la cérémonie, pfff...) de mon père. Il fallait...
Vous trouverez à sa suite, une petite explication de texte des anecdotes évoquées...


mercredi 12 août 2009

Disco Is Not Dead Twice


Toujours dans ma série des stéréotypes, voici une petite Flemingnade...



James se réveilla, une douleur sourde irradiant tout son crâne... Les yeux fermés, et malgré le mal de tête, il prit quelques instants pour analyser la situation, sans donner d'indice, à d'éventuelles observateurs, qu'il avait repris connaissance... Il était solidement pieds et poings liés, à ce qui semblait être une table d'examen ; il pouvait sentir la morsure froide de l'acier au travers de ses vêtements. Il percevait un bourdonnement tenu, accompagné de l'odeur acre du métal chauffé à blanc. « Oh, pas encore... », pensa 007...
Il ouvrit imperceptiblement un œil. Une lumière rouge aveuglante lui confirma ses craintes. Il était retenu par de solides bracelets aux poignées et aux chevilles. Un laser de taille industrielle, monté sur un rail, au-dessus de lui, découpait déjà les trois centimètres d'acier chirurgicale de la table, avec une lenteur calculée. Il ne restait au mieux qu'une minute avant que le rayon n'atteigne l'entre-jambe de James.

On l'avait soulagé de son Walter PPK mais il portait toujours son smoking blanc. Il pouvait également sentir le poids rassurant de sa montre Cartier, à son poignée gauche ; la fouille avait dû être superficielle, personne n'avait fait ses poches ; tout à son avantage.
Il dut faire un mouvement sans en avoir conscience...

- « Ah ! Commandeur Bond ! »
Il reconnut la voix immédiatement. Camilien St-Preux de l'Aiguillère ; l'homme derrière l'empire médiatique tentaculaire : CaSPEr. Un mégalomane égocentrique ivre de pouvoir, doublé d'un dangereux psychopathe - James pouvait en certifier maintenant - qui était devenu, récemment, l'objet de toute l'attention du MI6.
- « Je suis heureux que vous puissiez vous joindre à notre petite sauterie... »
Sa ruse étant découverte, Bond ouvrit les yeux.
En se tordant la nuque, il pouvait voir St-Preux, nonchalamment appuyé sur la rambarde des trois marches qui menaient à l'unique porte. Une énorme chose à double battant, qui semblait déplacée dans cette salle basse et sans fenêtre.
- « Malheureusement, je ne reste pas, d'autres obligations m'appellent. Je vous laisse aux mains expertes de mon fidèle Bumblebee », il fit un geste vague vers son garde du corps, un énorme samoéen, au visage couvert de tatouages, qui lui envoya un sourire édenté, en se rapprochant de la table.
- « Je ne sais pas si vous connaissez le procédé... mais vous ne devriez rien manquer. Le laser n'atteindra vos organes vitaux que dans la région du sternum. Plus de temps qu'il n'en faut pour savourer ce petit gadget. Et aucun risque de vous vider de votre sang, la plaie est automatiquement cautérisée... Vous voyez, nous ne faisons pas les choses à moitié, si vous me passez l'expression.»
Aucun rire sardonique ne ponctuât la phrase. St-Preux ne riait jamais.
James avait l'impression d'avoir entendu cet exact discours, une dizaine de fois auparavant... Ces mégalo-maniaques n'avait vraiment aucune imagination.
- « Je vois. Vous vous coupez vraiment en deux pour vos invités.
- Hum... Des plus amusant. Je vois que vous conservez votre sens de l'humour, Commandeur Bond, même dans les circonstances désespérées. En ce qui me concerne, ce n'est jamais que diviser pour mieux régner. », dit-il, avec un sourire sans joie, avant de sortir.
- « Adieu, monsieur Bond. », ajouta-t-il, sans se retourner, alors que la porte se refermait sans bruit derrière lui.

Le rayon était, maintenant, à moins d'un pouce des attributs masculins de 007.
Bond restait impassible. Il savait qu'il devait simplement détourner le regard au moment crucial.
Maintenant !
Tout à coup, le contact se fit.
Le rai de lumi
ère concentrée sembla ricocher dans tous les recoins de la pièce. Le garde à la porte fut instantanément coupé en deux, dans une parfaite diagonale, de l'aisselle gauche à la hanche droite. Bumblebee s'écroula, un trou unique au milieu du front, une seconde avant que le laser n'explose, dans une pluie d'étincelles électriques.
Il ne fallut que deux minutes à Bond pour crocheter la serrure de ses fers, à l'aide des pics qu'il gardait toujours dans la doublure de ses manchettes. Une habitude qui subsistait depuis son temps à Eton.
Il aura besoin d'un nouveau pantalon. Depuis l'entre-jambe en loques de son Armani, un éclat familier lui renvoya le reflet de son regard bleu perçant. On lui avait si souvent fait le coup de la découpe au laser, que James avait fini par se faire greffer des boules disco à facettes.


dimanche 9 août 2009

Et ils vécurent heureux...



Mise en ligne aujourd'hui de la suite et fin du mariage, avec Monsieur et Madame Jeffw (III), Part 1 & Part 2.
La prochaine fois, nous vous emmènerons en Lune de Miel... et puis, il faudra bien qu'on vous raconte ce qui est arrivé 9 mois, jour pour jour, après la nuit de noces.
Bonne lecture... et pour ceux qui y étaient, bonne réminiscence.

J&G.


jeudi 30 juillet 2009

Y'a du nouveau !



En plus de deux ou trois nouveautés, que vous trouverez éparpillées dans les Archives, j'ai mis en ligne,
aujourd'hui, Monsieur et Madame Jeffw...(II), première ET deuxième parties ! (Dans Octobre 2007)
Par contre, si vous n'appréciez pas vraiment les mariages, vous voulez peut-être éviter ce texte...
Bonne lecture !


Et pour mes anciens lecteurs... fouillez bien partout, vous dénicherez bien quelque chose que vous n'avez pas encore lu...


mardi 28 juillet 2009

Blog : Mode d'emploi



Enfin ! Jeffw, le touche à tout génial, se lance dans une nouvelle aventure !

Après avoir été comédien (du Jardin des Enfeus de Sarlat aux plateaux de sitcoms galloises), négociant en échiquiers de marbre du Taj Mahal et lampions indiens, manager d'un groupe folk irlandais, dessinateur, peintre, chanteur, décorateur, Don Juan de pacotille, metteur en scène, Dominique Leroy au téléphone, laveur de carreaux dans le XVIème, globe-trotter, barman, professeur d'université, imprimeur, videur, saxophoniste, père et mari aimant, vendeur de quatre-saisons sur les marchés d'îles de France et de Navarre, me voici BLOGGER !


Vous trouverez ici tous mes textes aux prétentions plus ou moins littéraires, le parfait reflet de mes velléités d'écrivaillon patenté ; le tout, si tout se passe bien et que le temps le permette, habilement classé dans les catégories suivantes :

- Les Niouses : comme son nom l'indique (ou pas), les nouvelles à proprement dites, ce qu'il y a de neuf dans nos vies, sur le blog, les textes à paraître, etc...

- Autopresquiographies : des textes où le narrateur est votre humble serviteur et où tout est presque vrai.

- Memory Lane : Mariages, lune de miel, vacances, souvenirs en tous genres ; des textes à partager entre amis, pour les rires et les larmes passés, la nostalgie ou simplement par curiosité.

- Toute Mon Affiction : Nouvelles, extraits de Roman, scénarii, etc... Bref, mes œuvres de fiction.

- JPH : Mes meilleures participations au Jeu Presque Hebdomadaire du forum À Vos Plumes et autres concours littéraires.

- Brèves : Histoires courtes, one-liners et billets d'humeur.

- Jeffw's Inn : Où vous trouverez mes textes écrits en anglais ! Where you'll find my pieces written in English !

- Fonds de tiroir : en gros, tout ce qui ne rentre pas dans les autres catégories.


Encore une fois bienvenue et bonne lecture !


lundi 27 juillet 2009

Le Petit Cheval Rouge


Ce matin, il y avait, dans ma douche, un petit cheval rouge.
...
"Erwaaaaaaaaaaaaan !!"

... pourrait quand même ranger ses jouets, ce môme... y'a pas marqué Saint-Exupery non plus...




dimanche 26 juillet 2009

Réflexion culinaire




Ah la pissaladière... Une recette qui eut contenu de la raie, elle en aurait été grossière.


Le romantisme par le bon bout


La question flottait toujours dans l'air feutré du boudoir...
Le vicomte se tenait devant les grandes fenêtres et cachait son impatience d'amant en feignant un regard appréciateur sur les jardins à la française, qu'une dizaine de jardiniers entretenaient à ce moment même. Il portait toujours ses bottes de chasse. La lumière jouait sur le tissu moiré et épais de sa redingote au rouge profond.
La marquise s'était arrêtée, indécise, la fine tasse de porcelaine de chine à mi-chemin de ses lèvres.

Le soleil rasant de cette fin d'après-midi mettait en valeur l'opulence du petit salon ; ses rayons en soulignant la décoration exquise : la patine des panneaux de chêne qui couvraient les murs, le lustre du riche velours des grands rideaux vert sombre qui encadraient chacune des arches des immenses fenêtres. Il jetait des ombres sur les bas-reliefs intriqués des corniches et explosait de mille feux sur la suspension de cristal, que le miroir, au cadre doré ouvragé, au dessus du manteau de la cheminée de marbre, reflétait au quatre coins de la pièce, ajoutant encore à l'effet de scintillement de chaque surface. Dans l'âtre se consumait un feu sur lequel une soubrette jetait régulièrement bois et herbes aux senteurs entêtantes.

Il s'approcha du canapé dans un bruissement de soie sauvage et se pencha vers la Marquise, en confidence, poussé par son désir ardent de savoir.
« Comment ? Vous ne répondez point ma mie ? », lui souffla-t-il à l'oreille.
Rien n'aurait pu préparer Camilien St Preux de l'Aiguillère au violent crochet du gauche qui lui déboîta la mâchoire. Dans un grand bruit de vaisselle brisée, ses jupes à demies relevées pour faciliter sa démarche de camionneur, la Marquise sortit, furieuse.
- « J't'en foutrais, moi, des 'mamies' ! »
Il est vrai que la Marquise n'avait jamais apprécié que l'on plaisantât au sujet de son âge.


samedi 11 juillet 2009

L'œil était dans la tombe...



Il y a peu, un énergumène, répondant au doux nom de Dandy Kain, débarquait sur un forum que j'aime à fréquenter. Un jeune homme, que, sans que je ne m'explique trop pourquoi, je pris instantanément en grippe... du genre aviaire, voire porcine. Il me provoquait une sorte d'urticaire littéraire (il me filait des boutons), un daltonisme allergique (je voyais rouge).
Il faut dire que notre nouvel ami était du genre prétentieux pédant
à l'inculture crasse, qui ne venait sur des fora littéraires que pour y recaser ses œuvres mort-nées, faisant montre d'une arrogance rare et d'un mépris grossier pour les règles des susdits fora et de l'opinion de quiconque. Car il faut bien comprendre qu'il se considérait comme un Auteur, le Monsieur ; par conséquent, tout ce qu'il faisait était bon, et tout ce que faisaient ou disaient les autres, était de la merde.
Il nous assénait son cocktail de roman d'aventure et de polar
à la banalité de débardeur au mois d'aout, à grands coups d'ignominieuses vomissures de clavier. Un genre dont il s'autoproclamait un expert, ayant au moins déjà lu trois livres (enfin... il était à mi-lecture du troisième, mais, de son propre aveu, il ne lisait pas depuis longtemps...).

Et d'un coup d'un seul, je me suis senti investi d'une mission : j'allais lui montrer comment on faisait !
J'allais lui monter comment écrire, j'allais le battre sur son propre terrain ; et surtout, ne pas être trop subtil dans la démonstration, le garçon ne reconnaîtrait pas le sarcasme si celui-ci venait le gifler à grands coups de dictionnaire.
J'allais lui montrer moi !

Après une douche froide, je me suis bien sûr rendu compte de la présomption de mon attitude.
Je n'avais, à priori, moi non plus, aucune idée de comment ça se faisait le polar d'aventure macho...
Mais bon, j'avais l'idée, alors je me suis lancé.
Et je me suis même beaucoup amusé... j'en oubliais Kaine.
Ma nouvelle flagellatrice et pamphlétaire tournait à la plaisanterie pas bien méchante et au clin d'œil gentil, mais je m'en foutais, j'écrivais de la merde et j'en exultais !
J'étais guéri ! Libéré !!

Voici donc le résultat :




Le Heli's Bar !... Il avait suffit d'une faute sur une enseigne payée au rabais et le nom était resté. Le proprio était instantanément devenu Jake 'Heli' McCunning et l'artiste n'avait jamais peint une autre enseigne... pas avec le nombre de main qu'il lui restait. Faut avouer qu'à défaut de charme, le bar avait une réputation, au-delà de bonne ou mauvaise. C'était le genre d'endroit où on aimait pas les questions ni ceux qui les posaient ; on ne demandait même pas ce qu'il y avait dans les burgers... Et si on ressortait souvent avec du sang sur ses pompes, fallait juste être content que ce n'était pas le sien et d'être encore debout.

Jay entra dans le bouge d'une démarche assurée, comme toujours. Sa silhouette élancée se découpa à peine deux secondes dans l'encadrement de la porte et le soleil encore haut du désert du Nevada. Alors qu'il s'approchait du bar, on pouvait voir sa musculature sèche jouer sous son T-shirt noir, ses biceps tirant sur les coutures de sa veste en cuir. Ses jeans serrés ne laissaient rien à l'imagination non plus, noirs et usés, les intempéries et le soleil leur ayant donné l'apparence et la texture d'une seconde peau. Les rares femelles du lieu, rivèrent leurs yeux sur lui, captivées par son magnétisme animal, sa sensualité brute. Elles pouvaient toutes reconnaître un vrai mâle quand elles en voyaient un et il n'y avait pas plus mâle que Jay.

La salle était déjà peuplée des sales gueules habituelles. Quelque part, un Juke-box braillait les accords de l'original de Highway to Hell (1979, du temps où Bon Scott ne s'était pas encore noyé dans l'alcool...). « De circonstance... », pensa Jay brièvement, un sourire mauvais aux lèvres. Il s'accouda au comptoir, tous ses gestes calculés, avec une précision de combattant, de machine bien huilée... du genre contondante.
Jay trouva le barman sous les néons bariolés qui couvraient le mur du fond. Une nouvelle tête qui se fondait dans le décor. Un physique de barrique, qu'un vieux T-shirt Harley bouffé aux mites avait du mal à couvrir, et des bras couverts de tatouages, apparemment faits par un gamin qui ne savait pas encore colorier dans les lignes. Sa barbe aurait fait chialer un Wookie et il lui manquait deux doigts à la main gauche... - « Dettes de jeu... ou mécanicien très maladroit. », se dit Jay.
- « Whisky, pur malt. », grogna-t-il.
- « Et laisse la bouteille. » ajouta-t-il en lâchant un billet de 100 plié en deux dans le sens de la longueur entre les flaques de bière du comptoir.
Le barman s'exécuta sans un mot.
La brûlure de la première gorgée d'alcool commença tout de suite à dissoudre la poussière du voyage dans sa gorge sèche.
Il tournait le dos à la salle, contrairement à son habitude, ses ennemis étant plutôt du genre à arriver par derrière. Mais ici, le grand miroir crasseux au dessus du bar lui donnait une bonne vue du reste de la salle. Son reflet lui renvoyait son regard perçant bleu acier, son visage carré et tanné par une vie de baroude. Il pourrait probablement faire avec un bon rasage.
- « La gueule que Marlon Brando aurait voulu avoir... » plaisanta Jay, pour lui-même, quand, il le vit... Caïn.

L'imbécile n'avait même pas essayé de se cacher. Il était assis en plein milieu, sous la lumière, de trois-quart par rapport à Jay, pour faire face à la porte. Il avait dû louper l'entrée de Jay, occupé à s'allumer une de ses cigarettes bon marché... Sale habitude, fumer. Il buvait une bière européenne de base ; il avait toujours pensé que ça faisait classe.
Caïn. Brute par habitude et sadique par goût. Caïn, tueur de métier.
- « Du fameux duo comique Abdel et Caïn... », murmura Jay, ne le quittant pas des yeux.

Il y a longtemps, un petit boss mafieux – qu'il repose avec les crabes – avait trouvé malin de les associer. Abdel Benkhalem, un algérien favorisant les techniques orientales et les lames de scalpel, et cette jeune armoire à glace sans nom ; c'était il y a plus de17 ans. On avait rapidement commencé à les surnommer Abdel et Caïn, ça faisait marrer, mais jamais très longtemps en leur présence. Et lui, il avait juste accepté son nouveau surnom, sans comprendre et sans broncher. La dernière fois que Jay avait croisé Abdel, il s'était assuré que ses putains de scalpels seraient la dernière chose qu'il verrait, de très près... Si Caïn avait une quelconque rancune pour la mort de son partenaire, il avait été assez professionnel pour ne pas la montrer et si il était là pour lui ce soir, c'est que Jay avait un contrat sur sa tête. Mais qui ?
Les frères Chianti¹ ? Alvarez et son gang ? Ou même ce bon vieux Nic, en dernier cadeau posthume ?

Jay pouvait voir le renflement du blouson de Caïn, indiquant la présence de son éternel Beretta 92F, souvenir de l'armée. Il devait aussi avoir son stupide couteau Rambo à la cheville, complet avec boussole et allumettes. Ça faisait toujours rire, jusqu'à ce qu'on réalise qu'il s'agissait quand même d'une lame en acier de 23cm que ce maniaque gardait suffisamment aiguisée pour pouvoir couper un cheveux en deux, dans le sens de la longueur...
Soudain, Caïn tourna la tête.

Dés que leur regard se croisent tout va très vite. D'un geste vif Jay lance la bouteille de whisky avec précision et semble partir à sa poursuite. Caïn est obligé de lever la main qui se dirigeait déjà vers son arme pour se protéger le visage. Le projectile explose sur son avant-bras. Cette manœuvre est suffisante pour que Jay couvre les cinq mètres qui les séparaient. D'un seul mouvement, il retourne la table et s'empare du cendrier en verre, qu'il fracasse sur la face du tueur. Profitant de sa surprise, Jay lui agrippe le bras droit, toujours à demi-levé, et le lui coince violemment derrière la nuque, lui écrasant la trachée avec son propre biceps. Il y a un bref moment de statu quo alors que la brute commence à s'asphyxier lentement, le genou de Jay sur sa poitrine ne l'aidant pas du tout. Avec la rapidité du cobra, la main gauche de Jay intercepte celle de Caïn qui tentait d'atteindre le fourreau à sa cheville. Une brève torsion du poignée est accueillie par un craquement satisfaisant. Caïn ne peut retenir un grognement, alors que la douleur déforme son visage. Une forte poussée vers le bas finie le mouvement, faisant passer le couteau au travers de son fourreau et de la botte pourtant épaisse de Caïn, clouant son pied gauche au plancher sales...

Maintenant sa poigne d'acier, Jay lui demanda à l'oreille :
- « Qui t'envoie ? »
Ses yeux à demi révulsés dans son visage bouffi déjà violet, Caïn réussit quand même à cracher dans un sourire :
- « J'ai vu de la lumière...
- Pas d'chance. C'est l'extinction des feux. », prononça Jay, comme une sentence et raffermissant sa prise.
Quand il entendit le déclic d'un fusil de chasse qu'on armait, Jay réagit en un dixième de seconde, son instinct de survie légendaire prenant le relais, et il fit une volte au-dessus de Caïn tout en lui prenant son arme. La chevrotine s'écrasa sur la poitrine de Caïn dans un bruit flasque et humide de viande froide. Il ne respirait déjà plus. À couvert derrière le cadavre massif de son adversaire, il suffit d'un seul coup à Jay pour abattre le barman, d'une balle de 9mm en plein milieu du front. Après un instant d'hésitation, il s'écroula comme 130kg de cuir mouillé derrière son comptoir.

Jay devait retourner en ville.
Il pouvait laisser les choses en l'état. Les clients du Heli's n'aimaient pas qu'on change leurs habitudes surtout pas les forces de l'ordre. Quelques heures plus tard, les corps se retrouveraient loin dans le désert où même les vautours n'attireront pas l'attention ou sous 50 tonnes de roche à la carrière locale. Il espérait seulement que quelqu'un penserait à nettoyer le sang et le mélange cervelle-os du miroir...
Il avait un paquet de questions qui avait besoin d'un paquet de réponses.
Juste après avoir démarré sa moto d'un coup de pied puissant, il eut une dernière pensée pour Caïn, dans le ronronnement de son fidèle V-twin...
- « Je me demande quel était son nom ?... »
Il mit les gaz et l'engin s'élança vers le soleil couchant, sur la route poussiéreuse.
- « Didier. Il avait une tête à s'appeler Didier. »


The End


¹ Alfonso et Federico Giacometti, deux baronnets de la drogue qui avaient fait passer l'entreprise viticole de papa dans l'import-export, spécialisé héroïne/cocaïne. À coups de 100g par bouteille, l'osier et le vin rendant les sachets invisibles et indétectables, même pour les chiens, ça vous faisait quand même la caisse à plus d'un kilo de dope pure. Lors de leur dernier deal, Jay était parti plus riche d'une mallette de biftons et les frangins étaient restés avec trois entrepôts en flamme. Ce sont des choses qui fâchent.

lundi 29 juin 2009

Rouge bulletin



Jeu n°66
:
Thème imposé : la fin de l'année scolaire.
Phrase finale imposée : J'ai pensé : "Il doit avoir ses raisons".
Avec l'obligation d'insérer au moins un mot étranger (les anglicismes courants étant refusés).



Chaque année c'est pareil. Plus qu'une semaine à tirer et paf ! d'un seul coup mon bureau se retrouve envahi, submergé par la paperasse : cahiers, formulaires, rapports et bien sûr... les bulletins. Ces saletés de bulletins pour des parents qui ne veulent pas comprendre et des mômes qui s'en foutent...
« Votre fils n'avait aucun espoir de réussir depuis le début, cette fin d'année en est la preuve retentissante ! »
Boum, suivant !
De toutes façons on s'en rendait bien compte que quelque chose allait craquer cette année, avec toutes les nouvelles consignes, les nouvelles directives du Ministère... le système est pourri à la moelle. Et pour une fois, Monsieur le Directeur est de mon coté... une bonne surprise ça...
« Your son is so thick that he became the wall of ignorance on which his classmates leaned for support. »
Après tout, pourquoi je leur simplifierai la tâche, aux parents d'élèves ? Ah ! Parlons-en des parents d'élèves et leurs soirées-séances de torture... « C'est comme aller au front... avec moins d'espoir », il disait Bertrand. Pauvre Bertrand, c'est moche ce que lui a fait l'Académie... « On ne peut pas inculquer les mathématiques à coup de ceinturon, M. Préchard !»... et hop, à la porte, retraite anticipée, on étouffe bien l'affaire, on graisse la patte des parents... « Inadmissible » qu'ils disaient, alors que ça se voyait qu'il était à bout, Bertrand... et puis, ça n'était arrivé qu'une fois... J'ai entendu dire qu'il s'était pendu dans sa maison de repos... mais on entend tellement de choses ici.
« Glückwünsche ! Er ist dumm. »
Oups, je m'égare... Allons, un peu de concentration Jean-Pierre, tu as presque finit.
Haha, pour un peu, ça me ferait marrer, même aujourd'hui...
Quoi ?!! On peut plus rire tranquille ?! Toujours les mêmes, toujours les trois du fond... et qu'est-ce qu'elle a à geindre comme ça ? Ah tiens, non, les deux du fond, ils n'ont pas réussi à arrêter l'hémorragie...
Bon, de retour au boulot. Au moins, elle ne pleurniche plus maintenant .
« Terminale est la pensée qui me vient spontanément quand j'évoque votre fille. »
Mes doigts effleurent machinalement le métal encore brulant, une onde de douleur satisfaisante me parcours le bras. Et je ricane bêtement parce que ça sent un peu le cochon grillé. Mais c'est vrai, c'est marrant ; j'ai comme un tressaillement imperceptible dans l'index droit à chaque fois que je m'en approche, c'est fou ces choses qui vous deviennent naturelles... Et mon petit dernier, il en est où ? Position fœtale au fond de la classe , c'est-y pas mimi ? Parfait. Il gémit tout doucement. C'est joli, ça me détend...
Plus qu'un bulletin.
Et deux balles dans le chargeur, une dans la chambre, juste ce qu'il faut. On attends plus que Monsieur le Directeur et ding-dong, l'école est finie... Ça fait bien 20 minutes qu'il est parti dans la salle des profs pour une dernière réunion. Ça ne devrait plus être très long. Je me demande bien où il a trouvé le hachoir, sûrement pas au réfectoire...
Du couloir me parviennent les derniers échos des derniers cris, qui meurent aussi...
Je n'aurais jamais imaginé que c'était son genre... Quand je l'ai vu arriver, je me suis dit, qui pourrait préférer les armes blanches aux armes à feu ? Et puis... J'ai pensé : Il doit avoir ses raisons.


jeudi 4 juin 2009

2009



2009 ne s'est pas présentée sous les auspices les plus glorieux ; le monde est en crise, l'économie est au fond du couloir à droite et la France, comme toutes les autres, se noie dans le marasme d'une débâcle socio-économique, étranglée de grèves et de manifestations d'une populace en colère qui blâme un gouvernement despote et incapable qui à son tour pointe un doigt accusateur au reste de la planète... et pourtant, tout cela ne me concerne en rien, et pas que pour des raisons géographique (c'est la merde ici aussi). L'empire américain peut continuer de chuter, le monde s'écrouler et l'homme retourner à l'âge de pierre, je m'en moque, comme disait Coluche : « La misère du monde n'est pas de dimension humaine. », moi je fais dans le petit... et tous les jours je pleure, égoïste et misérable, sur mes malheurs à moi, sur nos malheurs à nous, dans la hantise de la prochaine mauvaise nouvelle.
Il y a déjà cinq mois, il y a seulement cinq mois, j'ai perdu mon père. Les circonstances de son décès furent autant traumatiques pour ma mère qu'elles furent brusques et inattendues ; il nous a bien laissé comme des cons sur ce coup là, mon papa. Me connaissant, je vous raconterai sûrement un jour, mon père, tout...
Un mois plus tard, ma fille perdait son autre grand-père, victime du crabe leucémique et sinistre qui lui rongeait l'intérieur depuis quelques années.
Ensuite, nous avons enterré la petite grand-mère de ma femme, à qui la vie n'aura épargné aucune humiliation, jusqu'à la fin. Nous avons mis nous-mêmes son cercueil en terre, mes beaux-frères et moi.
La semaine suivante, nous avons appris que la meilleure amie de ma femme, sa demoiselle d'honneur, a été diagnostiquée avec un cancer imbécile et mal placé qui, si elle s'en sort, aura quand même détruit dans l'œuf son rêve d'une grande famille, son rêve d'enfants qui courent...
Tout devient disproportionné... Il y a un mois, le chien de Barry est mort. Et je pleure.
Un week-end, une presqu'amie nous annonce que sa petite Héloïse n'aura vu le jour que pour y mourir. Et moi, impuissant, je pleure.
Une amie chère, veuve depuis trois ans, décide de regoûter à la vie et à ses plaisirs, fatiguée de prendre son corps pour un mausolée... et se retrouve obligée de détruire l'enfant qui ne devait pas être. Elle en rit amèrement, je laisse mes larmes m'engloutir.
De loin, je vois ma petite maman qui tourne en rond et qui s'enlise, trop loin de moi.
De loin, je vois dans le regard inquiet de ma fille la question : “Qui vais-je encore perdre ?”, trop loin de mes bras.
Ici, je vois la peine de ma femme et des siens, des miens.
Et partout je ne vois que peine et chagrin.
2009 m'a déchiré l'âme. Je hais 2009. 2009 peut aller se faire foutre.



Et bien sur, avec tout ça, un peu dépressif mais je tiens le coup, je me chope le syndrome de la page blanche. Tout sec dans le dedans.
Mon cerveau n'a jamais été comme une de ces grandes commodes, où on peut décidé d'ouvrir le tiroir du bas plutôt que celui du haut, et d'en tirer ce que l'on veut, malheureusement non. Je l'ai toujours imaginé comme une immense gare à une seule voie, tant que le train à quai n'est pas parti, le suivant ne peut pas entrer ; et pour l'instant, c'est l'embouteillage, la grève. Le texte en gare est un texte joyeux et je ne le suis pas.
2009 m'a volé mon sourire.


mercredi 4 février 2009

À mon père

Ce texte a été lu en l'église de Quédillac(35), le vendredi 30 Janvier 2009.


J’aurais souhaité vous adresser quelques mots, à vous tous, assemblés ici aujourd’hui, au nom de ma mère et en mon nom, celui de mes frères et sœurs, au nom de notre famille mais, surtout au nom de Gérard, mon père…
Tout d’abord, merci à vous tous, ses amis, sa famille, les amis de sa famille, d’être venus pour honorer sa mémoire en ce jour et d’être venus nous soutenir dans cette épreuve.
Papa a laissé dans son testament quelques mots qui me semblaient être destinés à un public plus large que les quelques personnes qui seront présentes lors de sa lecture dans l’étude du notaire, qui à priori n’a que quatre chaises… Ces quelques lignes que je vais vous lire en guise d’introduction, évoquent bien, je pense, qui était mon père et qui, malgré un détail technique plus qu’évident, il est encore dans nos cœurs à tous. Voici :


« N’ayez pas trop de chagrin, ma vie, si elle a été bien remplie, n’a pas toujours été à la hauteur de mes espoirs ou de mes ambitions. La vie, du moins la votre, continue et ce n’est pas forcément le plus facile ! J’ai parfois, si ce n’est souvent, pensé à vous, je vous ai toutes et tous aimés à ma manière, d’une façon ou d’une autre et je regrette si j’ai pu vous décevoir ou vous léser.
Votre époux, père et, peut-être, ami.
Gérard. »


Mon père avait le verbe haut et l’amour des mots, qu’il préférait bons, même si souvent il favorisait les gros. Il avait une intelligence aiguë, le sarcasme féroce et l’humour noir et décalé ; traits de caractère dont j’ai hérités, tout du moins de deux d’entre eux, ce qui est dommage, l’intelligence aiguë m’aurait été bien utile durant ma scolarité.
Papa ne souhaitait pas que cette occasion soit larmoyante, lui qui, par-dessus tout, adorait rire et amuser son prochain, ne reculant devant rien pour une plaisanterie ou un trait d’esprit et ne gardant jamais sa langue dans sa poche, parfois au détriment de l’amour propre ou de la susceptibilité de certains, un biais qu’il fallait savoir pardonner et accepter pour vraiment apprécier Gérard et être son ami.
Sous des dehors bourrus, en dépit d’un meilleur mot et pour rester poli, Papa était un homme au cœur énorme, si ce n’est un peu fragile sur la fin, qui débordait d’amour pour ceux dont il avait su s’entourer, même si il n’était pas le plus doué pour l’exprimer ouvertement. Et pour ceux-là il était prêt à tous les sacrifices et aurait marché jusqu’au bout de la terre… ce qu’il a presque fait au court de ses nombreux voyages, favorisant toutefois l’avion.
Comme la plupart des hommes de caractère, il était capable de sentiments extrêmes et, si l’amour, qu’il avait tenace, et l’amitié, qu’il avait durable et loyale, étaient ceux qu’il chérissait le plus, il était également prompt à des ‘fâcheries’ intempestives et sonores et à des bouderies intenses, préférant ne plus parler à certains plutôt que de dire quelque chose qu’il aurait pu regretter… des silences rageurs à durée variable… généralement, six mois.

Gérard aimait la vie. La bonne vie. Celle du bon vin (que l’on préférera de Bordeaux) et du boire et du manger sous pratiquement toutes ses formes. Il aimait ses amis, ses proches, l’art, la Bretagne, qu’il avait connu en temps que réfugié pendant la guerre, la deuxième, et où il était très heureux de revenir s’installer avec Maman… La légende nous dit qu’il y aurait connu ses premiers émois, déniaisé par une fille de ferme dans une meule de foin. Moi qui ais passé une bonne partie de mon enfance en Bretagne également, il ne m’est jamais rien arrivé de tel ; je mets en cause les techniques agricoles modernes, qui favorisent la botte de foin à la meule, pourtant bien plus confortable… Et bien sur, Papa aimait les femmes, cinq enfants et plusieurs mariages seraient là pour en témoigner, mais celle d’entre toutes qu’il aimait et a aimé le plus tendrement, profondément et sincèrement, pour me l’avoir souvent confié, est Michèle, Maman, sa femme et compagne, qu’il a en plus toujours trouvé très jolie, il le lui disait souvent d’ailleurs, ces matins de week-end, au saut du lit, où il s’entendait toujours répondre : ‘Mets tes lunettes Gérard.’ Ah, ses lunettes !... Sans lesquelles il n’aurait pas pu faire grand-chose, mon petit Papa, lui qui physiquement n’aurait pas du voir, énigme médicale qui avait fait s’exclamer un ophtalmo de renom, après un examen et à court d’idée :
« - Mais monsieur, comment faites vous pour voir ?! », ce à quoi Papa avait simplement répondu : « - Par habitude. »
Lui qui se décrivait souvent et brièvement comme : ‘Le gros barbu roux à lunettes’, il est pourtant très difficile, voire impossible, de résumer mon père et sa vie en quelques lignes, il me faudrait pour cela plus probablement écrire un roman, vraisemblablement en plusieurs volumes ; lui qui tirât son destin d’une casquette d’officier, le hasard d’un petit bout de papier qui l’envoyât faire un stage qui changeât sa vie, l’envoyant sur des chemins de traverse qui des années plus tard nous auront réunis TOUS ici aujourd’hui, lui apprenant son futur métier et l’anglais, faisant entrer dans sa vie les radars et sa première femme, amorçant déjà à l’époque son profil avantageux à grands coups de nourriture américaine ; lui qui, par la suite, aura tout fait, militaire de carrière, donc, mais aussi : instructeur, chevalier de la légion d’honneur contre son gré, directeur artistique de cabaret, globe-trotter, ingénieur, barman extraordinaire, bricoleur génial, figurant de cinéma (mais seulement son pied gauche), commercial, entrepreneur, cuisinier hors-pair, et bien sur, mari, père et grand-père aimant, ami de tous… sauf des cons.
Il laisse derrière lui un gouffre, un vide béant, que je vous invite néanmoins, nous tous, qui l’aimions et qui l’aimons toujours, que je vous invite, donc, à combler avec les souvenirs les plus chers que vous avez de lui… pour aide mémoire :
Le Ranch et les spaghettis bolognèse d’un soir. D’un jour d’été si chaud où il ne pouvait pas enlever sa veste en laine car son gilet n’avait pas de dos.
Les mariages… et l’offre généreuse qui coupât court à toutes enchères pour la jarretière…
Ses discours, même les plus brefs ; ses conseils, les bons… et les mauvais.
L’Australie des rouflaquettes.
L’Afrique du Sud des piscines peu profondes.
Les parties de cartes endiablées, que ce soit le poker, le tarot, le rami…
Les nuits à refaire le monde.
Toute l’aide qu’il a pu nous apporter, toujours de bon cœur, quoi qu’il en ait dit.
Les couscous, les blanquettes et autres terrines de lapin qui donnaient toujours l’occasion de grands repas de famille et de grandes réunions d’amis…
Ne chérissez pas ce sentiment d’absence atroce qu’il laisse derrière lui mais repensez plutôt à tous les meilleurs moments que vous avez partagés avec lui. Personnellement, j’en ai des tonnes.
Pour finir, je repasserai la parole à Gérard qui, dans une lettre qu’il nous a laissé, concluait ainsi :


« Par-delà, un peu ému je l’avoue en ce moment même, j’adresse mes tendres pensées à toutes et à tous sans oublier quiconque, ni humains ni bêtes. Pas de chagrin inutile, continuez, vivez, nous y passerons tous ! »


Explication de texte...

... pour ceux qui n'auraient pas tout compris dans À mon père...


« Le Ranch et les spaghettis bolognèse d’un soir. D’un jour d’été si chaud où il ne pouvait pas enlever sa veste en laine car son gilet n’avait pas de dos. »

Dans les années 60, à peu près quand mes parents se sont rencontrés... en fait, juste quand mes parents se sont rencontrés, il existait dans le sud de l'Essonne un endroit plus ou moins à la mode appelait Le Ranch. Une sorte de centre hippique mâtiné décors de cinéma dont le thème plus qu'évident était Western. Le tout était géré à la bonne franquette pour une bande de copains, dont papa, sous la férule de l'ami commun de tous et propriétaire des lieux, Jean-Pierre, une sorte d'ersatz de Bernard Tapis, grande gueule et plein de désillusions de grandeur, collectionnant les disputes avec tout le monde puisqu'il avait toujours raison... le genre de type qui, si il t'emmène dans un restaurant est forcement le meilleur du monde... Mais là, ça allait, après tout c'était les années 60, tout était plus relaxe... Fait presque intéressant, on pouvait y croiser à la même période les parents de Vanessa Paradis, avant même que son papa n'ait sa fille et l'idée qui fit la fortune de la famille, les poutres Paradis (véridique ! Demandez à Google...) ; mais, plus important, mes parents fréquentaient tout deux l'endroit, depuis plusieurs années, avant de se rencontrer... et se sont en fait rencontraient dans un petit café parisien de la rive gauche, allez comprendre...
Bref. Papa, pour payer la chambre de bonne qu'il y occupait et qu'il retapait dans ces moments perdus, faisait occasionnellement le barman dans ce fameux Ranch ; et avec toute la panoplie cowboy, incluant le fusil de chasse à canon scié sous le comptoir et tout et tout... ça ne rigolait quand même pas à l'époque, dans le sud Essonne... Un soir qu'ils n'y attendaient personne, un Dimanche, et que mon père et le cuistot tapaient le carton sur le coin du zinc, quelle ne fut pas leur surprise de voir passer les portes de leur saloon, un couple de touriste s'enquérant sur la possibilité de manger un bout... et bien sûr, rien dans le frigo, rien sur le menu et Jean-Pierre encore par monts et par vaux. Après une brève réunion en cuisine et une courte fouille des placards du fond, mon père retourne annoncer aux baguenaudeurs affamés qu'il y avait des spaghetti bolognèse (ils avaient trouvé de la viande hachée, des pattes, une boite de tomate... avec quelques herbes le cuistot, bien qu'allemand, était assez confiant de pouvoir produire quelque chose qui ferait blêmir d'envie les clients d'un restoroute), est-ce que cela ferait l'affaire ?, une proposition qui fut accueillie avec un sourire appréciateur. Ça cuisine, ça mange, ça paye, tout le monde est content et se sépare bons amis.
Le lendemain, à son retour, Jean-Pierre est bien étonné de découvrir qu'ils ont eu deux clients et demande benoîtement : " Mais ?... Qu'est-ce qu'ils ont mangé ? "
- Mon père : Des spaghetti bolo.
- J-P : Avec quelle viande ?!
- Mon père : celle du frigo.
- J-P : La viande du chien ?!!
- Mon père : ...
- Le cuistot : Ben... ils ont aimé...

En 1968, en Juillet et au même endroit, Jean-Pierre épousait son hôtesse de l'air de fiancée, dans un grand mariage western, avec toutes les fioritures. Le mariage aurait dû figurer dans Paris-Match mais un événement plus royal les coiffât au poteau ce jour là... mais il m'en reste quand même une fort jolie photo de papa et maman dans leurs beaux atours de l'ouest lointain qu'avait prise le photographe du magazine. Ce jour fut également le plus chaud de l'année... ce qui fit amèrement regretter à mon père le costume qu'il avait loué à un costumier de théâtre... surtout le gilet sans dos et, donc, la veste en laine qu'il ne pouvait pas retirer.


« Les mariages… et l’offre généreuse qui coupât court à toutes enchères pour la jarretière… »

Mon papa à moi abhorrait la vulgarité (mais pas la grossièreté, il ne faut pas confondre, merde, quoi...) et trouvait la tradition de la jarretière, ce strip-tease sponsorisé et graveleux de la mariée, fortement déplaisante, pour peu qu'il ait eu la jeune épousée en affection. Après cinq minutes de beuglement gutturaux des mâles avinés présents au mariage d'une cousine de maman :
- 10 francs ! (... et oui, à l'époque tout le monde parlé encore couramment le franc...)
- Ouaaaais !!
- 50 francs !
- Plus haut !
(en bruit de fond une chanson du genre : Allez Marie, montre-nous tes fesses ! Allez Marie, montre-nous ton c...)
- Ahahah !
- 70 francs !!
- Oooooh !...

... ne pouvant plus supporter ses enchères salaces, mon père, agacé, déclarât d'une voix calme mais sonore : 5000.
Ce qui coupât court à toutes surenchères et permis à tout le monde de passer à autre chose... et surtout épargnât un embarras croissant et plus que visible à Marie-Claude.
Il payât, bien sûr, rubis sur l'ongle.


« Ses discours, même les plus brefs »

Un discours surprise et très court le jour de mon mariage... mais celui-là, je le garde pour moi.


« L’Australie des rouflaquettes. »

Quand nous avons tous vécus en Australie, pendant deux ans, Papa arborait une paire de rouflaquettes d'un roux flamboyant impressionnante qui aurait rendu une carotte malade de jalousie... Mais bon, mon père avait une bonne excuse, c'était les années 70.


« L’Afrique du Sud des piscines peu profondes. »

Quand il avait mon âge, papa, alors jeune ingénieur électronicien, avait été envoyé, seul, en Afrique du Sud pour un chantier (il travaillait dans les radars et télécommunications pour l'aviation civile). Là-bas, il avait rencontré une famille française qui avait à sa tête une mère juive comme on en fait plus et qui avait instantanément décidé de prendre sous son aile ce pauvre petit oisillon tombé du nid... un oisillon de plus de 90kg mais que voulez-vous, ça ne se contrôle pas l'instinct maternelle...
Un soir de beuverie avec le mari de la dame en question et un troisième larron, rentrant fort tard au logis, nos trois compères passaient non loin de la piscine quand ils eurent, bien entendu, une idée de génie et des envies galopantes de natation. Après avoir jeté leur compagnon, qu'ils portaient entre en deux, le pauvre ayant apparemment momentanément perdu l'usage de ses jambes, à la baille et dans un plat monstrueux, et que Georges se fut mollement laissé tomber dans l'eau tiède et invitante, mon père, plus fort que tout le monde, décida de plonger !... Et se cassa le nez pour la quatrième fois de sa vie. Il faut toujours croire les écriteaux qui disent de ne pas plonger dans le petit bassin.


Quant au reste des anecdotes, je suis sûr qu'elles s'expliquent d'elles-mêmes...




Gérard, Henry, Raymond Cuvillier.
1931 - 2009

Au revoir Papa.



dimanche 4 janvier 2009

Une Anecdote de Café...


Si j'ai acquis, au cours des années, un goût sûr des bonnes choses et une classe que l'on croirait innée ; une sophistication qui m'astreint à ne pas mettre d'eau dans mon vin, à préférer le homard à la crevette et mes femmes sans moustache, ne me pousse pas systématiquement à m'essuyer dans les rideaux après l'amour (quand les draps sont là pour ça), et, bien sûr, me fait refuser le sucre dans mon café, jusqu'à ne pas y tremper de viennoiserie qui pourrait en gâcher l'amertume profonde à l'arôme de ces nuits noires et intenses de passions africaines sauvages, chaudes des moiteurs tropicales où les senteurs de la jungle réveillent en nous ces pulsions dites animales, qui ne sont que l'évocation du désir primal et profond que : "Non. On ne veut pas de sucre dans son café. Non."... Cette amertume, disais-je, qui fait du café ma boisson préférée, juste après les bordeaux graves, les whiskies pur malt, les bières brunes aux noirceurs d'encre de chine, la javel, et au risque d'en surprendre plus d'un, l'eau (que je préfère de Volvic, ou, à la grande rigueur, de Badoit, ne rechignant pas de temps en temps à la tentation d'une petite eau gazeuse en fin de repas, car comme je mange gras, autant s'alléger la digestion)... Zut. J'ai perdu le fil dites donc...

Après relecture.
Si j'ai acquis mon bon goût et mes manières d'homme du monde, disais-je donc, avant de digresser comme un malpropre, c'est, bien sûr, grâce à mon éducation, que l'on préférera jésuitique et stricte, par conséquent, chez les saints pères. Et qui de plus saint chez les pères que mon papa à moi ?
Aaaah... mon papa...
L'auteur de mes jours (vous lui devez beaucoup).
Cet être mystérieux des couchés de mon enfance. Lui qui apparaissait dans l'encadrement de la porte de ma chambre, au crépuscule de mes journées de brigand, pour venir déposer sur mon front et mes mèches blondes (sous lesquels se déroulaient déjà les milles aventures qui peuplent les rêves des petits garçons, alors que mes paupières se fermaient à peine) ce gage d'amour paternel, un simple baiser, un qui pique ; un bisou furtif accompagné d'un mot doux dont mon cœur d'enfant était tant avide, un "bonne nuit mon chéri" dit d'une voix profonde aux chauds accords de baryton... ou bien c'était maman ?... Un géant à la barbe rousse... Non, définitivement ma mère...

Bref, mon papa. Le géniteur de plus que moi-même ; puisqu'à travers l'éducation qu'il m'inculquât (à grand renfort de collèges privés et religieux, au long des dix-huit années passées à ses cotés), il m'offrit bien plus que ma vie et mon nez en bec d'aigle. En forgeant les matériaux bruts et bouillonnants dans les veines de l'adolescent rebelle que j'étais, il me fit don de ma personnalité, de mon mauvais caractère, de bon nombres de mes goûts et... de mon humour sardonique, au sarcasme toujours latent et teinté d'un noir plus profond qu'il n'y paraît, qui vient naturellement à celui qui observe le monde et en comprend l'ironie. Et oui, il n'a pas fait que des trucs bien, mon papa.

S'il possède un grands nombres de qualités, dont l'une, et non des moindres, est donc, d'être mon papa, il a également d'innombrables défauts ; alors que moi, non (je suis une sorte de 'Lui' version 2.00). Bizarrement, l'humour susmentionné, qu'il m'a légué, fait parti des deux listes. Nous amusons en société en nous en amusant à ses dépends ; malheureusement, un fois lancés, il est très dur de nous arrêter avant un potentielle incident diplomatique et nous ne nous faisons pas toujours des amis. Et bien que nous soyons assez bravaches, fanfarons, grandes gueules et égocentriques pour nous en foutre royalement, je serais, peut-être, le premier à reconnaître qu'il ne s'agit sûrement pas là de notre trait le plus charmant, ni sympathique. Et j'en veux pour exemple cette fâcheuse habitude du vénérable vieillard de père que j'ai à moi, qui est l'anecdote dont au sujet de laquelle je voulais vous entretenir :

Dans ma famille, comme il se doit, personne ne met de sucre dans son café, ce n'est pas bon (quoi qu'en disent certains) et ça rend la tasse plus dure à nettoyer. Ma mère, dans ses jeunes années insouciantes, allait parfois jusqu'à en glisser un, subrepticement, quand personne ne regardait, dans divers breuvages chauds, mais elle arrêta bien vite, sous couvert de régime. Alors qu'il était évident qu'au contact de mon père (pour la circonstance, collateur), elle avait enfin atteint cette maturité qui vous ouvre aux choses de l'esprit et vous inspire à aimer les bonnes choses. J'avais bien un oncle, du coté paternel, qui sucrait son café comme la brute et le béotien qu'il était, mais cela fait plus de quarante-cinq ans qu'on ne lui a pas parlé, c'est dire, il pourrait même maintenant vitrioler son kawa du matin jusqu'à l'excès à la sucrette contondante que je m'en tamponnerais toujours le coquillart à grands coups de friteuse SEB. Pourquoi SEB ?, me demanderez-vous. Et bien c'est évident : parce que SEB, c'est bien.
Donc nous, sucre, non.
C'est pourquoi il est toujours un peu surprenant d'entendre mon père, de sa voix de ténor (oui, il descend dans les graves en fin de soirée), répondre systématiquement de la même façon, dans les dîners mondains, banquets familiaux, gueuletons entre potes, repas d'affaire ou autres galas d'ambassade (faciles à reconnaître, grâce à la présence d'une pyramide de Ferrero Rochers dans un coin, mais tout le monde sait ça) où il se trouve être l'invité, quand vient l'heure du café, à la question : « Du sucre Gérard ? »
- Non merci. Jamais de sucre dans mon café, ou alors, ajoute-t-il dans un petit rire bon enfant, seulement si il est dégueulasse.
Ce qui est, bien entendu, religieusement suivit, au grand désarrois de ma mère et pour mon plus grand plaisir, si je suis présent, après la première gorgée, par :
- Deux, s'il vous plaît, déclaré sans l'ombre d'un sourire, alors qu'à l'intérieur, tel le vénitien moyen, il se gondole...

Pour vous emballer cette petite histoire des penchants insolents de mon papa, je conclurais juste par le fait que ma chérie, ma femme, la compagne de mes jours, et Dieu merci, de mes nuits aussi, ayant entendu l'histoire de cette pratique paternelle au sein des miens plusieurs fois et l'ayant même vu de ses yeux vu à plusieurs occasions (dont une fois à son encontre), en riait tellement qu'elle décidât de l'adopter pour son propre usage, partant du principe qu'elle partageait avec mon père les mêmes goûts pour leurs cafés, et avec le grand avantage de pouvoir le faire dans trois langues différentes... De fait, elle peut désormais m'embarrasser en fin de repas, quelque soit les amis que nous allions voir.