Je ne suis pas arachnophobe... j'ai un très bon pote araignée.
Ce n'est bien sûr pas vrai.
Je suis complètement arachnophobe, à mon plus grand embarras et ma plus grande honte, et je n'y peux rien... C'est une phobie (comme son nom l'indique), c'est idiot-bête et totalement incontrôlable. Je peux essayé de me raisonner, de me dire que « La petite bête va pas manger la grosse », comme disait ma mère, méjugeant sa propre taille, avant d'entrer dans la cage de son nouvel emploi de dompteuse d'ours polaire au cirque d'hiver, la logique et le sens commun n'y font rien.
En plus, alors que je n'ai presque qu'un œil... c'est à dire que le gauche marche presque super, à part les week-end et jours fériés, et que le droit lui dit merde... en regardant ailleurs (disons qu'au royaume des borgnes j'aurais sûrement un poste au gouvernement), je disais donc que, malgré ma vision, je repère toujours ces saloperies mouchivores où qu'elles soient dans la pièce, tel l'oiseau de proie repère son repas couinant dans les hautes herbes à des distances littéralement vertigineuse (à part que je ne les mange pas... et pour tous ceux qui pensaient que le titre ferait référence à un éventuel auto-abrutissement au whisky et bien vous vous fourriez le doigt dans notre sujet de conversation présent jusqu'au coude). Il s'en suit un inévitable jeu de patient espionnage que je finis toujours par perdre quand, dans un léger moment d'inattention de ma part, la velue s'éclipse, me laissant transpirant et tremblant, avec les yeux qui s'éparpillent dans tous les recoins, laissant généralement mon interlocuteur inquiet et pantois...
Que l'on se mette bien d'accord, je n'ai pas peur des araignées. Ce serait ridicule. Non. J'ai une peur morbide et phobique des araignées. De cette peur panique qui vous noue l'estomac et vous vrille les tripes, vous dessèche la gorge et vous y coince la respiration, vous écrase soudainement le cœur dans un étau glacé vous inondant d'une sueur froide que seuls connaissent les condamnés capitaux, terrifiés dans les affres de l'attente d'une mort certaine, dans la torpeur d'une résignation catatonique, dans ces derniers pays du monde sans lois, ou sans foi... ou avec trop des deux.
Enfin... tous ça dépend aussi de la taille de l'animal, bien entendu, par exemple nous avons chez nous une espèce arachnéenne appelée Money Spider, sensée porter bonheur quand tu la découvres galopante sur ta personne et je doit avouer qu'elle devrait se lever très tôt pour me terrifier outre-mesure la bougresse, ne mesurant qu'au maximum un quart de poil de c..., adulte et bien nourrie (mais sans les pattes), il suffit de souffler un coup pour qu'elle s'envole au vent pour aller faire le bonheur de quelqu'un d'autre. Non, soyons sérieux, tout petit, pas de problème. Par contre, n'importe quoi de plus gros et je panique... parfois calmement, ce qui est curieux, mais je panique quand même... Alors qu'au cinéma c'est l'inverse... plus le monstre octopodesque est gros plus je m'esclaffe à grand renfort de mouarf-arf devant l'écran, petit ou grand. Si tout le début d'Arachnophobia m'est totalement insupportable et me terrifie jusqu'à l'inconfort malaisé de me souiller le fondement du pantalon malencontreusement, tant que le péril aux papattes poilues est petit du genre comme à la maison je m'accroche à mon siège, si tant est que mon siège soit à l'extérieur puisque que je quitte également la salle ; la fin du film, d'un autre coté, me fait sottement glousser un fois les tisseuses venimeuses, maintenant d'une taille improbable, douées de pouvoirs bouffons comme le saut en longueur à en faire pâlir un olympien moyen et l'émission de feulement de chat pas content... Comme ce fabuleux navet : Eight Legged Freaks qui me fit me gausser d'un bout à l'autre du film, comme quoi, quand l'araignée atteint la taille de la dernière de chez Volkswagen, ça ne m'impressionne plus, je n'y crois plus et tout va pour le mieux dans le vaste monde.
Quel ne fut donc pas mon désarroi de découvrir, il y a déjà quelques années, que j'avais emménagé dans le pays européen qui avait les plus grosses ?!... Nous parlons toujours des araignées... Ou en tous cas les plus grosses que j'avais jamais vu (si si toujours les araignées...), et pourtant, j'ai vécu en Australie, c'est dire...
Tiens, pour ne pas déroger à mon habitude, je vais digresser un coup...
Saviez-vous que ce pays de cinglés, autant le pays lui-même que ses habitants, qu'est l'Australie possédait à lui tout seul plusieurs des rares espèces d'arachnomonstre mortelles pour l'homme, en plus des serpents tout pareil, des méduses tout pareil, des requins blancs qui mâchouillent, des camionneurs friands d'auto-stoppeurs, etc, etc... ? Le saviez-vous ?
Anecdote hilarante (tel le son de pas lourds derrière vous, tard la nuit, dans une allée sombre...) :
Un jour qu'elle était à Melbourne et qu'elle lavait les vitres, ma mère... je me dois de préciser qu'elle lavait les vitres de la maison que nous louions à l'époque, ma mère n'ayant pas pour habitude de laver les fenêtres de bâtiments et de gens qu'elle ne connaît pas, elle n'a même pas l'habitude de laver les carreaux tout court. Mais un jour qu'elle le faisait, donc, à cet endroit là et à ce moment là, aux débuts des années 70', elle fit une rencontre pour le moins désagréable au coin de la vitre sus-mentionnée avec l'une des ignominieuses sus-mentionnées également, qui n'avait rien à faire là, son habitat naturel étant les vastes espaces du dehors et que, là, ma maman à moi en était à laver les carreaux du dedans...
Dans l'angle supérieur droit de la baie vitré menant au patio se trouvait une petite chose toute jolie. Un petit corps tout rond aux huit pattes graciles, le tout d'un noir laqué magnifique relevé seulement d'une ligne rouge vif sur le dos, un petit bijoux d'un peu moins d'un centimètre... à la morsure très douloureuse et neurotoxiquement dangereuse pour l'homme : une Redback Spider (et à cette époque l'anti-venin ne se trouvait pas encore dans le commerce, pour la bonne et simple raison qu'il n'existait pas...). Maman, ne faisant ni une ni deux, les maths n'étant pas son fort, mais faisant i et ii, en latiniste accomplie, partit s'enquérir d'une bombe insecticide de taille industrielle et s'en revint asperger l'incongrue. Ce n'est qu'après une minute d'un jet soutenu, laissant la tueuse bariolée flottant sur le dos dans une flaque baygonnienne, qu'elle s'en allât chercher mon père qui baguenaudait au garage. Elle s'était, bien évidemment, au préalable assurée de l'absence du moindre signe de vie chez son ennemie du moment, dans sa mer pesticide. Le presqu'insecte dodelinait mortuairement, les pattes repliées de partout, dans la position typiquement arachnéenne du 'Arg ! Tu m'as eu', qu'elle n'avait pas manqué d'adopter au premier signe de l'aérosol... Pourtant... Oui, vous l'aurez bien sûr deviné... Au retour de mes parents, l'araignée n'était plus là. Disparue.
Aaah qu'ils ont ri mes parents, qu'ils ont ri de me savoir endormi dans mon sommeil d'enfant et dans la pièce voisine, derrière une porte à l'hermétisme d'une râpe à fromage, laissant voir un jour à sa base qui aurait permis à un chat de ne pas demander à ce qu'on lui ouvre, qu'ils ont ri de devoir encore passer deux semaines dans cette maison, qu'ils ont ri de devoir regarder partout tout le temps par peur d'un ennemi d'un centimètre qui peut même grimper au plafond... si on me demandait, je suis sûr qu'ils en rient encore...
Bref. Revenons à nos moutons à huit pattes bien que nous n'en étions pas loin...
Donc, la plus large des araignées que l'on rencontre dans les îles britannique, anodinement baptisée House Spider et dont il existe plusieurs variétés dont la Giant House Spider ('Tegenaria Gigantea') qui est celle qui nous intéresse et peut atteindre jusqu'à 6cm pattes incluses, avec tout de même 1,5cm de corps, est la plus grosse araignée qui m'ait été donné de croiser à mon grand dam, tout pays confondus, France y compris, n'en déplaise à nos amis les plus méridionaux dont l'imagination candide et la faculté de conter des histoires des plus fleuries forceraient à s'exclamer : « La plus grosseuh araignée que j'ai jamais vueuh ? Oh peuchère... Vé, c'est bien simpleuh, la dernièreuh, elle a bouffé le chat... », dans leur accent chaud et poétique mais quand même pas pratique pour jouer aux bouts rimés...
Pour les petits curieux :
Pour les plus braves et pour savoir à quoi ça ressemble, vous pouvez cliquer ici
Comment ça, pas si impressionnante ?
Et comme ça ?
Ouais... j'me disais aussi...
À l'instar d'Hercule et de son génocide hydrophobe, pour peu qu'une de ces mygalomaniaques disproportionnées ne pointe le bout du nez qu'elle n'a pas et je ne réfléchis plus, j'annihile, j'occis, j'écrabouille à grandes pompes et parfois à grand coup de bottin, même si je sais que c'est mal, que c'est pécher et que j'en éprouve des remords par la suite, moi, le doux, le tendre... qui va jusqu'à ne jamais manger les yeux de l'animal qu'il a cuit ou commandé, de peur que leur regard attendrissant ne lui coupât l'appétit...
Mais soyons honnête : c'est clairement elles ou moi.
-« Et où veut-il en venir ? », vous demanderez-vous à peu près à ce moment en trépignant...
Tout ça pour dire, et pour résumé (et on en a bien besoin), qu'arachnophobe et grosse araignée ne font pas bon ménage et que ça ne pousse pas à jouer au héros...
Et pourtant. Et pourtant...
Ah bonjour cher collègue arachnophobe ;-) j'ai cliqué (oui je sais je suis folle) sur la photo de la bêbête...la curiosité me perdra c'est sûr...j'ai eu la soeur de cette araignée dans ma cuisine l'été passé, quelle horreur...folle et passionnée de photos, j'ai quand même osé la capturer dans mon appareil grâce à mon zoom puis j'ai fermé la porte et je suis partie...je ne veux même pas savoir où c'est qu'elle s'est cachée, je lui ai demandée de ne plus jamais revenir chez moi :-))
RépondreSupprimerAu royaume des borgnes, tu serais sûrement appelé araign... je veux dire à régner. Je me suis bien marré. Mais j'ai peur pour toi, quand tu iras sur Luna & cow. Regarde bien dans les coins, et n'oublie pas le Baygon...
RépondreSupprimerSi tu as vécu en Australie, c'est étonnant que tu n'aies jamais rencontré la huntsman :
RépondreSupprimerhttp://www.cutehomepets.com/wp-content/uploads/2010/12/handling-huntsman-spider.jpg
... avec ses 15 cm d'envergure, elle fait passer notre tégénaire pour l'enfant chétif de la famille. Comme sa petite soeur européenne, elle n'est ni agressive, ni venimeuse, et certains en font leur animal de compagnie.
Notre tégénaire géante est le prédateur naturel de l'agrestis (appelée hobo spider aux States), dangereuse, celle-là, vivant de préférence dehors, mais rentrant dans les maisons quand il commence à cailler. La grande dégingandée est notre meilleure protection, et il ne faut pas l'aplatir !