« Le Ranch et les spaghettis bolognèse d’un soir. D’un jour d’été si chaud où il ne pouvait pas enlever sa veste en laine car son gilet n’avait pas de dos. »
Dans les années 60, à peu près quand mes parents se sont rencontrés... en fait, juste quand mes parents se sont rencontrés, il existait dans le sud de l'Essonne un endroit plus ou moins à la mode appelait Le Ranch. Une sorte de centre hippique mâtiné décors de cinéma dont le thème plus qu'évident était Western. Le tout était géré à la bonne franquette pour une bande de copains, dont papa, sous la férule de l'ami commun de tous et propriétaire des lieux, Jean-Pierre, une sorte d'ersatz de Bernard Tapis, grande gueule et plein de désillusions de grandeur, collectionnant les disputes avec tout le monde puisqu'il avait toujours raison... le genre de type qui, si il t'emmène dans un restaurant est forcement le meilleur du monde... Mais là, ça allait, après tout c'était les années 60, tout était plus relaxe... Fait presque intéressant, on pouvait y croiser à la même période les parents de Vanessa Paradis, avant même que son papa n'ait sa fille et l'idée qui fit la fortune de la famille, les poutres Paradis (véridique ! Demandez à Google...) ; mais, plus important, mes parents fréquentaient tout deux l'endroit, depuis plusieurs années, avant de se rencontrer... et se sont en fait rencontraient dans un petit café parisien de la rive gauche, allez comprendre...
Bref. Papa, pour payer la chambre de bonne qu'il y occupait et qu'il retapait dans ces moments perdus, faisait occasionnellement le barman dans ce fameux Ranch ; et avec toute la panoplie cowboy, incluant le fusil de chasse à canon scié sous le comptoir et tout et tout... ça ne rigolait quand même pas à l'époque, dans le sud Essonne... Un soir qu'ils n'y attendaient personne, un Dimanche, et que mon père et le cuistot tapaient le carton sur le coin du zinc, quelle ne fut pas leur surprise de voir passer les portes de leur saloon, un couple de touriste s'enquérant sur la possibilité de manger un bout... et bien sûr, rien dans le frigo, rien sur le menu et Jean-Pierre encore par monts et par vaux. Après une brève réunion en cuisine et une courte fouille des placards du fond, mon père retourne annoncer aux baguenaudeurs affamés qu'il y avait des spaghetti bolognèse (ils avaient trouvé de la viande hachée, des pattes, une boite de tomate... avec quelques herbes le cuistot, bien qu'allemand, était assez confiant de pouvoir produire quelque chose qui ferait blêmir d'envie les clients d'un restoroute), est-ce que cela ferait l'affaire ?, une proposition qui fut accueillie avec un sourire appréciateur. Ça cuisine, ça mange, ça paye, tout le monde est content et se sépare bons amis.
Le lendemain, à son retour, Jean-Pierre est bien étonné de découvrir qu'ils ont eu deux clients et demande benoîtement : " Mais ?... Qu'est-ce qu'ils ont mangé ? "
- Mon père : Des spaghetti bolo.
- J-P : Avec quelle viande ?!
- Mon père : celle du frigo.
- J-P : La viande du chien ?!!
- Mon père : ...
- Le cuistot : Ben... ils ont aimé...
En 1968, en Juillet et au même endroit, Jean-Pierre épousait son hôtesse de l'air de fiancée, dans un grand mariage western, avec toutes les fioritures. Le mariage aurait dû figurer dans Paris-Match mais un événement plus royal les coiffât au poteau ce jour là... mais il m'en reste quand même une fort jolie photo de papa et maman dans leurs beaux atours de l'ouest lointain qu'avait prise le photographe du magazine. Ce jour fut également le plus chaud de l'année... ce qui fit amèrement regretter à mon père le costume qu'il avait loué à un costumier de théâtre... surtout le gilet sans dos et, donc, la veste en laine qu'il ne pouvait pas retirer.
Bref. Papa, pour payer la chambre de bonne qu'il y occupait et qu'il retapait dans ces moments perdus, faisait occasionnellement le barman dans ce fameux Ranch ; et avec toute la panoplie cowboy, incluant le fusil de chasse à canon scié sous le comptoir et tout et tout... ça ne rigolait quand même pas à l'époque, dans le sud Essonne... Un soir qu'ils n'y attendaient personne, un Dimanche, et que mon père et le cuistot tapaient le carton sur le coin du zinc, quelle ne fut pas leur surprise de voir passer les portes de leur saloon, un couple de touriste s'enquérant sur la possibilité de manger un bout... et bien sûr, rien dans le frigo, rien sur le menu et Jean-Pierre encore par monts et par vaux. Après une brève réunion en cuisine et une courte fouille des placards du fond, mon père retourne annoncer aux baguenaudeurs affamés qu'il y avait des spaghetti bolognèse (ils avaient trouvé de la viande hachée, des pattes, une boite de tomate... avec quelques herbes le cuistot, bien qu'allemand, était assez confiant de pouvoir produire quelque chose qui ferait blêmir d'envie les clients d'un restoroute), est-ce que cela ferait l'affaire ?, une proposition qui fut accueillie avec un sourire appréciateur. Ça cuisine, ça mange, ça paye, tout le monde est content et se sépare bons amis.
Le lendemain, à son retour, Jean-Pierre est bien étonné de découvrir qu'ils ont eu deux clients et demande benoîtement : " Mais ?... Qu'est-ce qu'ils ont mangé ? "
- Mon père : Des spaghetti bolo.
- J-P : Avec quelle viande ?!
- Mon père : celle du frigo.
- J-P : La viande du chien ?!!
- Mon père : ...
- Le cuistot : Ben... ils ont aimé...
En 1968, en Juillet et au même endroit, Jean-Pierre épousait son hôtesse de l'air de fiancée, dans un grand mariage western, avec toutes les fioritures. Le mariage aurait dû figurer dans Paris-Match mais un événement plus royal les coiffât au poteau ce jour là... mais il m'en reste quand même une fort jolie photo de papa et maman dans leurs beaux atours de l'ouest lointain qu'avait prise le photographe du magazine. Ce jour fut également le plus chaud de l'année... ce qui fit amèrement regretter à mon père le costume qu'il avait loué à un costumier de théâtre... surtout le gilet sans dos et, donc, la veste en laine qu'il ne pouvait pas retirer.
« Les mariages… et l’offre généreuse qui coupât court à toutes enchères pour la jarretière… »
Mon papa à moi abhorrait la vulgarité (mais pas la grossièreté, il ne faut pas confondre, merde, quoi...) et trouvait la tradition de la jarretière, ce strip-tease sponsorisé et graveleux de la mariée, fortement déplaisante, pour peu qu'il ait eu la jeune épousée en affection. Après cinq minutes de beuglement gutturaux des mâles avinés présents au mariage d'une cousine de maman :
- 10 francs ! (... et oui, à l'époque tout le monde parlé encore couramment le franc...)
- Ouaaaais !!
- 50 francs !
- Plus haut !
(en bruit de fond une chanson du genre : Allez Marie, montre-nous tes fesses ! Allez Marie, montre-nous ton c...)
- Ahahah !
- 70 francs !!
- Oooooh !...
... ne pouvant plus supporter ses enchères salaces, mon père, agacé, déclarât d'une voix calme mais sonore : 5000.
Ce qui coupât court à toutes surenchères et permis à tout le monde de passer à autre chose... et surtout épargnât un embarras croissant et plus que visible à Marie-Claude.
Il payât, bien sûr, rubis sur l'ongle.
- 10 francs ! (... et oui, à l'époque tout le monde parlé encore couramment le franc...)
- Ouaaaais !!
- 50 francs !
- Plus haut !
(en bruit de fond une chanson du genre : Allez Marie, montre-nous tes fesses ! Allez Marie, montre-nous ton c...)
- Ahahah !
- 70 francs !!
- Oooooh !...
... ne pouvant plus supporter ses enchères salaces, mon père, agacé, déclarât d'une voix calme mais sonore : 5000.
Ce qui coupât court à toutes surenchères et permis à tout le monde de passer à autre chose... et surtout épargnât un embarras croissant et plus que visible à Marie-Claude.
Il payât, bien sûr, rubis sur l'ongle.
« Ses discours, même les plus brefs »
Un discours surprise et très court le jour de mon mariage... mais celui-là, je le garde pour moi.
« L’Australie des rouflaquettes. »
Quand nous avons tous vécus en Australie, pendant deux ans, Papa arborait une paire de rouflaquettes d'un roux flamboyant impressionnante qui aurait rendu une carotte malade de jalousie... Mais bon, mon père avait une bonne excuse, c'était les années 70.
« L’Afrique du Sud des piscines peu profondes. »
Quand il avait mon âge, papa, alors jeune ingénieur électronicien, avait été envoyé, seul, en Afrique du Sud pour un chantier (il travaillait dans les radars et télécommunications pour l'aviation civile). Là-bas, il avait rencontré une famille française qui avait à sa tête une mère juive comme on en fait plus et qui avait instantanément décidé de prendre sous son aile ce pauvre petit oisillon tombé du nid... un oisillon de plus de 90kg mais que voulez-vous, ça ne se contrôle pas l'instinct maternelle...
Un soir de beuverie avec le mari de la dame en question et un troisième larron, rentrant fort tard au logis, nos trois compères passaient non loin de la piscine quand ils eurent, bien entendu, une idée de génie et des envies galopantes de natation. Après avoir jeté leur compagnon, qu'ils portaient entre en deux, le pauvre ayant apparemment momentanément perdu l'usage de ses jambes, à la baille et dans un plat monstrueux, et que Georges se fut mollement laissé tomber dans l'eau tiède et invitante, mon père, plus fort que tout le monde, décida de plonger !... Et se cassa le nez pour la quatrième fois de sa vie. Il faut toujours croire les écriteaux qui disent de ne pas plonger dans le petit bassin.
Un soir de beuverie avec le mari de la dame en question et un troisième larron, rentrant fort tard au logis, nos trois compères passaient non loin de la piscine quand ils eurent, bien entendu, une idée de génie et des envies galopantes de natation. Après avoir jeté leur compagnon, qu'ils portaient entre en deux, le pauvre ayant apparemment momentanément perdu l'usage de ses jambes, à la baille et dans un plat monstrueux, et que Georges se fut mollement laissé tomber dans l'eau tiède et invitante, mon père, plus fort que tout le monde, décida de plonger !... Et se cassa le nez pour la quatrième fois de sa vie. Il faut toujours croire les écriteaux qui disent de ne pas plonger dans le petit bassin.
Quant au reste des anecdotes, je suis sûr qu'elles s'expliquent d'elles-mêmes...
Gérard, Henry, Raymond Cuvillier.
1931 - 2009
Au revoir Papa.
« Ses discours, même les plus brefs »
RépondreSupprimerUn discours surprise et très court le jour de mon mariage... mais celui-là, je le garde pour moi.
Ce s'rait-y pas une histoire du genre : "I too had a dream, and it became true." ?
Quand tu veux garder pour toi, fais gaffe que des disgressions dans un autre texte (un des résumés de ton mariage, j'avoue ne pas avoir pris le temps de les relire pour savoir lequel) n'ont pas dévoilé ce "secret" ;-)
Il devait être bien ton papa.
Euh... je sais pas ce qui s'est passé, mais le premier message est sensé être de moi (les extra-terrestres ont pris possession de mon esprit! pauvres d'eux...)
RépondreSupprimerJe fais quoi? Je le réécris?
Ca te va bien J-P aussi...
RépondreSupprimerTrès drôle, vraiment...
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