-Part II - Suite et fin -
Et enfin, elle est à mes cotés...
Comment décrire un ange ?
Une belle femme, c'est facile. Prenons, dans le sens "comme exemple" et dans aucun autre sens, allons allons pas de mauvais esprit, prenons, donc, Miss France et reprenons pour la décrire les mots du célèbre poète neuf-troisien Dominique Tahreume De La Téci, alors qu'il n'était à l'époque âgé que de neuf ans : « Sa mère ! Miss France comment qu'elle est bonne ! Comment j'aim'rais trop m'la pécho, on f'rait une tournante dans la cave à Malik et quand j'sors de zon-zon, j'f'rai rappeur !...». Cela ne nous interpelle-t-il pas quelque part ? Vous voyez ? C'est ce que je disais, facile...
Mais un ange ? Comment nous exprimer quand on approche le divin ?
Elle s'était posé là, sans un bruit, un sourire ineffable sur ses lèvres douces. Ses ailes soyeuses repliées tout autour de son corps, la nimbant d'un halo doré, la drapant de lumière, lui faisant un semblant de robe céleste et diaphane, de celles qui n'existent que dans les livres qui parlent de sacré ou de fées ou de reines et sortilèges ; car en réalité tant de splendeur ferait pâlir l'astre solaire... Ses cheveux, relevés, révèlent la nuque nacrée de son cou de cygne gracile où, dans la pâleur de sa peau, viennent se fondre les perles uniques d'un collier éclipsé par tant de beauté. Elle... Elle est vraiment vraiment extraordinairement bonne.
Ne pensez pas que le terme soit réducteur, bien au contraire. Elle est si magnifique et resplendissante qu'il me faut toute la volonté du monde pour refouler mes impulsions cro-magnonesques de la trousser, là, et de la prendre et la faire mienne devant les yeux béats et scandalisés d'une centaine d'invités, la caméra de mon témoin (qui a le réflexe YouTube) et le regard de notre vicaire qui se voudrait réprobateur, mais qui ne pourrait pas, car bien que ce ne soit pas l'usage, il ne s'agirait que d'une autre expression de l'amour et il finirait par en sourire sûrement, car il ne fait pas dans la damnation ni le misérabilisme, car là est la grande différence entre ceux de l'église de Rome et ceux qui ont simplement choisi d'être de celle de Dieu. Et en parlant de Lui, je Le remercie au passage de m'avoir doté d'un self-control impressionnant qui fait que j'arrive la plupart du temps à ne pas me toucher quand je pense à ma femme et me permet de bien bien refouler les impulsions pour éviter les scandales dans les églises...
Elle est donc là enfin, tout à coté de moi, et elle est beeeeeeelle ! Son maquillage léger souligne discrètement ses yeux qui me sourient, sa coiffure superbe met tout bien en valeur et sa robe... Aaaah... Sa robe... Comment dire, sa robe épouse (Tiens ? Je croyais que c'était moi qui épousait ?) très très bien ses formes, qu'elle a très chouettes. Certains invités l'ont décrit comme étant plusieurs mètres de soie sauvage, cousu de fils d'or, détrempés pour mieux lui coller au corps. Comme si quelqu'un l'avait aspergée à grand coup de seau d'eau (probablement de rose ou de fleur d'oranger), comme dans ces publicités étranges et définitivement venues d'ailleurs, qui n'ont aucun sens, pas même pour leurs créateurs, et qui nous vantent, toujours en noir et blanc, les mérites d'une notion plus qu'élusive dans un monde d'image, une odeur, un parfum, le luxe opulent du dernier sent-bon prétentieux...
*Un cheval galope au ralenti sur une plage déserte*
L'Homme (voix profonde) : Toi.
La Femme (voix sensuelle) : Moi.
*Gros plan sur une couple à demi nu qui s'étreint*
L'Homme : Il.
La Femme : Je.
*Un vase noir explose sur fond noir*
L'Homme : Elle.
*Gros plan sur un pectoral de l'Homme*
La Femme : Nous.
*Gros plan sur un sein de la Femme*
L'Homme : Vous.
La Femme : Ils.
*Le vent dans les herbes hautes d'une dune déserte*
L'Homme : Elles.
La Femme : Eux.
L'Homme : Tu.
*L'Homme et la Femme se roulent enlacés dans un centimètre d'eau sur fond noir*
Autre voix de femme : Pronoms de Nakatomo Calvin St Laurent.
Voix de type Jean Mineur Publicité, ajoutée sans l'accord du réalisateur (qui est un artiste, merde, quoi) : Maintenant chez Prisunic !
...
Et donc, la cérémonie peut vraiment commencer.
Étonnement, ce fut notre moment favori de la journée. Tout était parfait. Tout nous a beaucoup plu et nous étions très content d'être venus. Et pour être tout à fait franc, nous en étions autant les spectateurs que les acteurs, papotant tout du long, commentant les textes ou les hymnes (- Ouh, c'était bien ça. - Oui, j'ai bien aimé aussi, etc...), dansottant béatement sur toutes les musiques, pouffant comme deux garnements, main dans la main, appréciant chaque minutes...
Maintenant, si vous voulez briller en société et épater vos amis, voici deux faits intéressants qui ne manqueront pas de donner du relief, et une ingénieuse échappatoire, à n'importe quelles conversations sur la politique extérieure du Honduras, le prix de la clé qui n'a d'anglaise que le nom en Papouasie Orientale, ou sur la vie, l'œuvre, les copulations épileptiques et la déchéance du dernier succédané de vedette (C'est bien vrai ça !) de la Star Ac' de mes deux :
- La cérémonie était, à de rares exceptions près, entièrement en gallois
et
- Nous avons été mariés par une femme.
Pour ceux qui auront suivi (le regard du vicaire + mariés par une femme), oui, nous avions bien deux vicaires. Le vicaire "résident", Tim, un quinquagénaire sympathique au regard doux et qui est aussi chauve qu'il est barbu (et comme il est barbu, ça veut bien dire qu'il est chauve), qui nous a essentiellement fait l'introduction et la conclusion, et la vicaire "guest", une amie de la famille, galloise au nom étrange (Ingrid ?!) et... maman de la demoiselle d'honneur ; qui, elle, nous a fait les bouts plus importants. Donc, oui, vous l'aurez compris, je le vois dans vos yeux (que vous avez fort beaux d'ailleurs... surtout le droit), je n'ai jamais dit oui ni Je le veux à mon mariage. Quel rebondissement ! Je n'ai pas plus dit le beaucoup plus british I do, popularisé à outrance par les films du cinématographe dans la langue de Shakespeare... Enfin quand je dis ça... Les films américains et le père William n'ont que très peu en commun quant à l'utilisation de la langue, incluant ceux inspirés de ses œuvres, car, si il ne croyait pas à l'orthographe, qui n'était qu'un point de vue et pas du tout compulsive en vieil anglais, il utilisait quand même quelque chose appelée grammaire.
Non, à mon mariage je n'ai rien dit de tout ça... Moi j'ai dit : Gwnaf.
Prononcez gou-na-ve.
Et rassurez-vous, ça veut dire oui.
En plus du moment où nous avons tout deux gounavé, voici un florilège des bouts qu'on aime les plus mieux, un genre de Best-Of pour parler estranger :
- L'arrivée de ma chérie, un peu en avance à l'extérieur (les invités glandouillaient toujours un peu sur le parvis et ont eu l'air surpris, mais content, de la voir arriver) mais pil-poil à l'autel (ouf, elle est venue).
- La lecture de la lettre de St Paul aux Corinthiens, le seul passage en français de la cérémonie, pour deux raisons, la première : parce que c'était lu par une mienne amie, théatreuse de métier et de talent (pourquoi laisser le travail à des amateurs quand on a des professionnels à disposition ?) et que c'était très bien, et la deuxième : parce que nous avions modifié le texte nous-mêmes, en nous servant des différentes traductions françaises, galloises et anglaises, pour lui faire dire exactement ce que nous voulions (Quoi ? C'est interdit ? Ah bon ?... Vous avez remarqué ? Je fais super bien le regard innocent... Et de toutes façons les vicaires n'ont rien remarqué... puisque c'était en français).
- Les hymnes, au nombre de deux, un tonitruant en gallois et un, très dansant , en anglais (pour que tout le monde puisse chanter, nous sommes trop bon...).
- L'échange des anneaux, parce que... Parce que bon.
- Nos vœux, où j'ai réussi à tout bien prononcer les mots longs et compliqués... et où je ne me suis planté que sur deux petits mots simples, au grand plaisir de tous les copains gallois qui m'en ont parlé tout l'après-midi... et où Geinor me dit qu'elle m'aimera pour toujours dans sa langue jolie aux accents qui chantent (... enfin moi c'est ce que j'ai compris).
- Et, le moment qui en a scotché plus d'un, quand à l'entracte (est-ce que je sais comment ça s'appelle moi ?...), où nous étions partis dans une petite pièce adjacente à l'autel pour signer les registres, Barry s'est levé pour se placer au centre de l'église et chanter pour nous (pas d'affolement, c'était prévu), tout d'abord, avec la complicité de deux amies, « Oh Happy Day » (le gospel pas la série télé) et ensuite, seul, « The Greatest Love Of All », dont il a une version a capella qui impose le respect, inonde des salles bondées du silence d'une écoute avide et attentive, et vous donne la chair de poule jusque dans les endroits les plus improbables (je pensais à un truc du style 'creux du coude' ou 'derrière du genou'... après ça, c'est vous qui voyez hein...)... Il faut dire aussi que mon Best Man Barry est bien évidemment prof de chant et chanteur lui-même (...blablabla amateurs blablabla professionnels blabla disposition ?).
Pour ceux qui ont la chance (tout est relatif) de se trouver dans des alentours parisiens, Barry joue tous les dimanches soir (à de très rares exceptions près) à partir de 21h au Galway à St Michel, et comme c'est un pub, il y a à boire !!
À ce moment de l'histoire, et bien... nous étions mariés.
Paluche dans mimine et le sourire niais aux lèvres (en ce qui me concerne), nous traversons l'église sous les ovations d'une foule en délire (ça faisait cet effet là en tous cas...), mitraillés de toutes parts de mille éclairs électroniques de photographes en goguette de l'aire digitale. Nous sommes un peu très heureux et je crois que ça se voit. La musique qui nous accompagne sur notre sortie est une composition yanntiersenesque de Bethan (l'amie violoniste (Alto) de renommée internationale), qu'une de ses condisciple massacre copieusement ; ça se remarque au regard courroucé que lui lance Bethan, quand nous passant devant eux, et aux sons discordants qui sortent de l'instrument de la susdite violoneuse, qui s'en donne à cœur joie, oublieuse du reste du monde. Du coup, nous sommes pétés de rire jusqu'à la grand' porte, où nous attendent les parfums enivrants de centaine de fleurs, qui n'étaient pas si chères que ça après tout, les parents et amis plus rapides que les autres déjà là pour nous féliciter, une journée magnifiquement ensoleillée aux qualités hivernales et à la chaleur des étés les plus fous et une vie nouvelle de couple marié. À l'instant où nous atteignons la porte le quatuor entame « Non, rien de rien » de la môme Piaf. Ça aussi c'était prévu et ça aussi ça nous fait rire.
J'aimerais vous dire que nous nous sentions changés dans le dedans de nous ; que l'énormité de notre nouveau statut sociale, tout en nous remplissant de joie, pesait sur la balance de notre conscience vers la maturité et les responsabilités sérieuses d'une vie d'adulte ; que notre amour sacralisé devant toutes et tous nous semblait plus aboutit et plus présent. Mais ce ne serait pas vrai. Rien de tout ça. Non, nous nous sentions exactement comme d'habitude.
En plus heureux peut-être.
Ce que je veux dire c'est que le naturel de la situation nous étonnait à n'en plus finir. Nous étions infiniment détendus et nous n'avions rien fait d'extraordinaire. Nous avions toujours été, elle, la femme, et moi, le mari, nous nous connaissions depuis toujours et quelque part nous l'avions toujours su et pourtant nous ne le découvrions qu'à cet instant. Nous étions les meilleurs amis du monde et ses plus grands amants. Et rien de tout cela n'avait changé.
Heureux, nos cœurs débordants d'un amour insatiable pourtant étanché l'un par l'autre, nous baguenaudions dans les pâturages d'un bonheur intense, moi, le mari, et elle, ma femme.
Welcome ! Bienvenue ! Willkomen !
Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...
...
... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.
Merci de votre indulgence.
And, for our English speaking friends, this way please : Jeffw's Inn
(Oh ! And this is a literary blog, by the way)
lundi 22 octobre 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Drôle et touchant mais surtout j'aimerai voir une photo de la mariée (et du marié aussi si il est sur la même).
RépondreSupprimerEt voilà le travail Mathilde : photo ajoutée.
RépondreSupprimer(quant au marié, on voit déjà assez sa sale tronche sur son profil... et son profil sur cette photo d'ailleurs...)