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Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

Merci de votre indulgence.


And, for our English speaking friends, this way please : Jeffw's Inn

(Oh ! And this is a literary blog, by the way)


mardi 26 août 2008

Le Jeffon Maltais - Part II



Ma chérie, qui est fantastique (mais est-il besoin de le préciser ?), n'a que très peu de défauts... si peu en fait, qu'elle n'en a que deux, qui ne vont même pas de pair. Le premier, c'est qu'elle a tout le temps raison, ce qui est agaçant, et le deuxième... et bien, elle n'est pas arachnophobe. Oui, je sais c'est plutôt bien et ce n'est pas un défaut. D'ailleurs, elle me sauva bien souvent de monstres aussi gros qu'une pièce de 20 pences et assoiffés de sang (... de sang d'insectes, peut-être, mais de sang quand même) ; le tout armée d'une simple feuille et d'un verre, autrement dit, presqu'à mains nues ! Quelle bravoure ! Et son défaut alors ? Et bien, malheureusement et malgré tout ce qu'elle a pu me dire depuis des années, pour elle, la taille est importante (non non, toujours les araignées). Plus elle sont grosses, moins elle a envie de les toucher (je vous vois ricaner vous savez...)... Si bien que quand nous rencontrons l'une de ces horreurs sur-dimensionnées décrites ci-dessus, elle se pétrifie, elle se paralyse, elle se crispe de partout, en gros, elle ne bouge plus et c'est à moi, l'arachnophobe, d'agir en homme, ce qui dans de telles situations, et ce malgré des attributs génitalo-anatomiques plus que significatifs, ne me vient pas naturellement...

Pas plus tard qu'il n'y a pas longtemps, alors que je couchais ma petite famille, l'une de ces fâcheuses situations se présenta, telle un cheveux sur la soupe, mais en plus gros et en plus velu (
imaginez ! Plus velu qu'un cheveux ?!). J'installais le petit dernier de la smala (nous ne sommes que trois pour l'instant, c'est encore une petite smala) dans le lit de papa et maman... Oui, vous l'aurez compris, la huitième merveille du monde dort dans la plus petite partie du lit parental... parce que son fils, d'un mois, et sa femme de dix (nous ne sommes mariés que depuis dix mois, suivez...) prennent toute la place. J'attrapais quelques peluches de Sa Seigneurie pour lui en faire un rempart, dans le cas plus qu'improbable qu'Erwan soit la réincarnation du Grand Houdini et qu'il puisse rouler sur lui-même sur près d'un mètre (mais allez expliquer ça à sa mère), quand le moment idyllique, dans l'éclairage feutré de notre nouvelle chambre à coucher, tournât au cauchemar. Là, sous la dernière des peluches, que je venais de jeter négligemment sur le lit, entre nos oreillers, dépassant seulement de la moitié de son énorme corps (donc de quatre pattes) l'immonde Tarentula des secondes parties de soirées de mon enfance, quand messieurs Eddy et Jourd'hui nous faisaient l'éducation cinématographique à grands coups de séries B en noir et blanc et quand les bras de papa étaient là pour me protéger des profanateurs de sépultures et autres créatures du lac noir, en ayant fini de terroriser hommes et troupeaux (c'est Tarentula qui terrorise, pas la créature du lac noir, enfin... si aussi, parfois mais pas là) dans le désert de l'Arizona (mais aussi, pourquoi gardent-ils des troupeaux dans le désert ?), avait décidé de venir faire un tour dans la blancheur immaculée de nos draps propres...

D'instinct, je fais rempart de mon corps pour protéger femme et enfant... Bon, en fait, je ne bouge pas, pétrifié par l'horreur d'une seule pensée : « Oh mon dieu ! Cette chose était à moins de deux centimètres de ma main !! Ce... Cette chose aurait pu me grimper le long du bras et planter ses deux énormes crochets... crocs... mandibules, que sais-je, ses deux énormes trucs à l'avant dans ma jugulaire offerte me laissant à une mort glougloutante devant ma veuve et mon orphelin. », mais dû à un heureux hasard géographico-topographique, ça le faisait bien, brave et tout, et vachement rempart, moi qui ne suis pourtant pas d'âge mûr.
Derrière moi, j'entends ma femme retenir sa respiration dans un bref râle d'effroi (
ou mon fils qui rote). Mon sang ne fait qu'un tour... et puis continue par la magie du système circulatoire. Je me reprends d'un coup alors que je transpire déjà à gros bouillon, c'est donc délicat puisque je glisse, et je demande à ma femme de sortir et de cacher l'enfant au cellier, de faire bouillir des draps et de préparer de l'eau propre, on est jamais trop prudent. C'est entre moi et le monstre. Un duel... jusqu'à la mort... probablement la sienne.

Tels deux gladiateurs se jaugeant avant un affrontement titanesque, nos regard se rencontrent et nous restons un court moment les yeux dans les yeux, tout mon un et demi joli dans ses huit libidineux, dans un défi silencieux ; le calme avant la bataille... Et d'un coup, ça commence ! L'horreur octo-patibulaire, sentant la raison du plus fort lui arriver sur le coin de la gueule, se carapate sous le lit. Je jette oreillers et nounours en tous sens. D'un geste puissant et en un seul tour de rein, je retourne le matelas. Si je la perds de vue, c'est foutu ; on ne dormira pas dans la chambre ce soir... nous devrons certainement également déménager.
L'arachnide domestique géante est là, tapie au pied du mur, bien au milieu, sous le lit. Je brandis mon arme improvisée, à ce moment de l'histoire, une bouteille en plastique vide, la première chose qui m'était tombée sous la main, alors qu'un cri féroce et guttural s'échappe de ma gorge. L'empêcheuse de dormir en rond reprend sa course et tente une percée pour le côté du lit où je n'étais pas. Je laisse retomber le matelas et me précipite de l'autre coté de notre couche, maintenant à jamais souillé (
ce qui me rappelle encore mon fils, allez savoir pourquoi...). Je soulève immédiatement l'autre moitié du matelas dans la foulée et dans un grand craquement (mon dos je crois). Je suis toujours volviquement armé et je scrute. Et je ne la vois pas. Je l'ai perdue. J'ai perdu. La monstruosité a vaincu...

Quand soudain je remarque deux horribles appendices velus qui dépassent d'au dessous d'un caleçon égaré là... sûrement celui de ma femme car ce n'est vraiment pas mon style, ah ça non, moi qui vais jusqu'à repasser mes chaussettes. Je bande,
surtout mes muscles et implacable, je frappe... Pour m'apercevoir que ma bouteille ne passe pas entre les lattes du sommier. Le regard fiévreux et pris d'une bouffée de panique, je cherche désespérément des yeux une autre massue de fortune. Aha ! Sur la table de nuit. Un dictionnaire. De rimes. Mais de poche ! L'immonde en profite pour s'échapper et rebrousse chemin. Je me re-précipite, ma nouvelle arme en main, et je me re-re-lumbagote en vrai haltérophile matelassier. Je la repère de suite et sans hésitation, sans réfléchir plus longtemps, j'assassine dans une frappe chirurgicale et violente.
Son petit corps recroquevillé, un peu plus plat, gît sous mon lit, animé de quelques derniers spasmes dans l'une des pattes qui n'est pas restée collée en quatrième de couverture. Je n'éprouve aucune fierté, juste un grand soulagement... et peut-être un peu de honte d'être soulagé et légèrement essoufflé.
Mais bien sûr, aux yeux de ma femme, je suis un héros, j'ai vaincu ma peur, j'ai vaincu le monstre. J'ai écrasé une bête araignée.
Je l'enlace et l'embrasse (
ma femme bien sûr) et nous nous couchons, enfin, fourbus, le cœur encore palpitant de la peur primale ressentie ; mais heureux de pouvoir chercher le réconfort dans les bras l'un de l'autre et dans un sommeil bien mérité.

Cinq minutes plus tard, je rallumais la lumière et allais chercher mon fils au cellier.

En regardant partout. Juste au cas ou.



The Fin.



3 commentaires:

  1. Tu mentionnes à la fin un peu de honte. Mais, armé de volvic, honte n'est pas le mot (dont j'aime les jeux, commes les filles, faciles) ; c'est puissance et pouvoir, qu'il faut sentir. Bravo de faire revivre à cette région du royaume l'exhaltation des batailles héroïques.
    (moi non plus j'aime pas les araignées, mais c'est de hargne plus que de peur que je m'emplis à leur vue, faute de malt).

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  2. Bigre. Vous vivez dangereusement, et vos soirées sont carrément mouvementées. Mais comment peut-on être sûr qu'il n'y a pas une ou deux de ces ENORMES tégénaires tapies dans un coin du cellier ?

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  3. Ah mais détrompes-toi, Casimir Raculeux, on est sûr, elles y sont !... et dans la cuisine, les salles de bain, l'aile ouest, sans oublier le salon, oú elles sont probablement en train de regarder notre télé et boire nos bières, sur MON canapé !! C'est sans gène la tégénaire... :P

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