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Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

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vendredi 3 septembre 2010

Chapitre I : Rallyement - Épisode 1 -



          Paco avait passé une journée très constructive, assis sur son banc préféré.
Il s'en sentait d'ailleurs moins con pour la peine. La proximité de la bibliothèque municipale lui faisait toujours cet effet.
Ce banc, à l'angle de la place Jean Durix et merveilleusement orienté, avait vu ses plus belles heures, il y prenait régulièrement le soleil et le temps de vivre, souvent avec son meilleur ami, Auguste, devisant sur le monde, la société ou le prix du saindoux, mais pas aujourd'hui.
Il replia sa copie du 'Turfiste Joyeux', se la coinça sous le bras et empocha ses notes couvertes d'équations énigmatiques et de signes cabalistiques, avant de se lever, à regret. Cet endroit de choix était normalement à deux pas, par la rue du Docteur Minot, de son abreuvoir préféré, mais nous étions jeudi, aujourd'hui, c'était travail.
Il partit, donc, pour le bureau.
Il traversa la place du Maréchal Leclerc à petites foulées, continua jusqu'à l'avenue de la République et tourna vers le pont des Chemins-de-Fer, qu'il traversa. C'était son plus long périple de la semaine, qu'il effectuait, religieusement et hebdomadairement, en une grosse demi-heure. Après juste cinq minutes de sa démarche de plaisancier, il arriva en vue du bureau... de tabac-PMU de M'dame Marguerite. Il plaça son seul et unique pari, comme d'habitude, et contempla avec plaisir son ticket et la tache accomplie. Il n'y étancha pas sa soif, pourtant colossale en cette fin d'après-midi – il est bien connu que les joueurs invétérés ne sont pas de bonne compagnie, on ne peut tout simplement pas leur faire confiance. Il s'en alla plutôt voir si son condisciple finissait l'un de ses déjeuners d'affaire tardif au Café de la Gare, de l'autre coté du pont. Comme il n'y était pas, il finit rapidement son verre qu'il avait commandé par reflexe et rejoignit l'avenue d'Estienne d'Orves, qu'il remonta jusqu'en haut, jusqu'au saint des saints, jusqu'au Rallye.

Le Rallye était aux débits de boissons ce que St Pierre de Rome était aux cathédrales, et son cellier, sa chapelle Sixtine. Le Rallye était une symphonie de bon goût, pour ceux qui ont le goût de ces choses là. Le Rallye était un chef-d'œuvre à la gloire vinicole, l'ultime honneur des légions de brasseurs et un panthéon de la torréfaction. Le Rallye était le joyaux d'entre tous les bars. Le Rallye se trouvait être également le café de prédilection d'Auguste Lesemeur et de son compagnon de toujours, Paco – que nous avons déjà rencontré.

La porte vitrée s'ouvrit dans le tintement cristallin d'une petite cloche distinguée, polie jusqu'à la perfection, à en faire pâlir d'envie la galerie des glaces du château de Versailles. Ah, pas de bip-bip électronique et vulgaire ici, ah non, monsieur. Ici, tout était comme il se devait d'être.
- « Z'avez pas vu Auguste ? », demanda Paco, alors qu'il traversait un univers de bois patinés et de carrelage satiné, dans la pénombre calculée de la salle principale, à la cantonade et au patron des lieux plus particulièrement.
- « Il pourrait aussi bien être au diable vauvert que je ne m'en tamponnerais pas plus le coquillard. »
Au Rallye, les habitués laissaient rarement passer de tels commentaires…
- « … En Seine-et-Marne ça ? », suggéra quelqu'un, des alentours de la table de billard..
- « Non, tu penses à Vaux-Le-Vicomte. », corrigea un autre quelqu'un, qui apparemment connaissait le premier quelqu'un...
- Ça m'étonnerait ! Je ne pense JAMAIS à Vaux-Le-Vicomte ! »
Paco se laissa bercer un moment par les inepties des piliers locaux, qui, avec un soupçon d'RTL, composaient le fond sonore du café.
- « ... pff, ce que tu peux être susceptible quand on en vient aux châteaux de la Loire…
- De la Loire ?! Vaux-Le-Vicomte ?!
- Oui... ou du Rhône, j'sais plus... Tu sais, moi, les vins, si c'est pas de Bordeaux…
- Dieu qu'il est con… »
Le reste de la dispute se noya dans La Valise et les délires de son animateur trop souriant – ça s'entendait – à l'encéphalogramme plat – ça s'entendait aussi.
- « Je vois que nous sommes partis d'un mauvais pied... Recommençons : Bonjour Balto.
- C'est Monsieur Balto pour toi, mais c'est mieux... Bonjour Paco. Et non, je ne l'ai pas vu aujourd'hui. »
Balthazar Melchior (Non. Non, ça ne le faisait pas rire), un mélange de Richard Burton jeune et de Carlos vieillissant – le chanteur, pas le terroriste – avec une barbe qui aurait fait envie à un grand amateur de barbe, même les pas terribles, était LE bistrotier exemplaire. Ses clients le savaient et la plupart le respectait par cette raison. Trois d'entre eux avaient même fondé un fan-club… Il était plus connu sous le sobriquet de Balto, par la même logique, us ou tradition, saugrenue et séculaire qui avait fait les réguliers du Balto de Draveil surnommer le patron Ali, Rally. D'aucun expliquait que cela venait de Balthazar ; certaines mauvaises langues racontaient que l'origine en était baltringue. Ces malandrins était généralement priés de finir leurs consommations rapidement et de vider les lieux. Balthazar était l'heureux propriétaire d'un établissement respectable et dépourvu du sens de l'humour, son sens des affaires prenant toute la place. Il ne connaissait que deux lois, celle de l'offre et de la demande et celle du Talion, avec une tendance à l'inflation sur le repaiement ('Alors ça vous fera un œil, deux dents et un doigt...'). Il avait une moralité toute personnelle mais était intransigeant sur la politesse et les bonnes manières... des autres.
- « Monsieur Lesemeur ne nous a pas encore fait l'honneur de son auguste présence, huhuhu… Non ? Lesemeur, auguste ? Personne ?
- Ben c'est pas comme si tu la faisais pas tous les jours... »
Les gens du billard commençaient à s'attirer les regards agacés du maître-barman.
- « Béotiens. »
Sur ces entre-faits, Auguste Lesemeur, la cinquantaine indéterminée, son éternel demi-sourire goguenard aux lèvres et une étincelle dans l'œil, fit son entrée.



1 commentaire:

  1. Et bien mais ça commence bien, tout ça ! C'est drôle, enlevé... j'aime ! Vais lire la suite, tiens...

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