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Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

... et puis on se trouve les excuses qu'on peut.

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mardi 10 novembre 2009

La Proverbiale Vipère

Jeu nº72 : Thème : la jalousie.
Contrainte : inclure les mots Argent, Escalier, Vide, Dauphin et Hésiter.
Ce texte a fini dans les limbes du classement...


Bien sûr que cela avait été pour l'argent. On ne devenait pas le secrétaire particulier du Prince par patriotisme ou par amour de sa personne. Non. Pour l'argent et pour le pouvoir... la désillusion ne venait que par la suite...

Il reprenait son souffle dans l'un des escaliers de service, épiant le moindre son dans la demeure. Ces bruits, qui lui avait été si familiers auparavant, semblaient être devenus hostiles et menaçants. Il était vêtu de ses habits de voyage mais fut pourtant parcouru d'un frisson. Sur son épaule pesaient deux lourdes sacoches de cuir.

Des années il était resté dans l'ombre de cette baudruche. Lui servant de femme de chambre, de laquais, voire de nourrice, quand son Altesse Royale était indisposée. Un vulgaire esclave, rien de plus. Alors que c'était lui qui maintenait le tout à flots et à bout de bras... Lui, qui utilisait toutes les fibres de son intelligence pour remplir les coffres que les orgies de son Maitre laissaient vides. Placement, prêt, usure, extorsion, chantage, tout avait été bon, il avait utilisé tous les artifices, tiré toutes les ficelles. Pour quelle reconnaissance ? Aucune... Le benêt, qui prenait tout pour acquis, ne remarquait jamais rien, bien trop occupé à organiser la prochaine grande fête pour ses relations à la mode. Une cour arrogante et prétentieuse qui vivait à ses crochets, tels des parasites collés à un requin édenté et imbécile, trop borné pour discerner les poissons-pilotes des sangsues... Et lui, le petit, l'obscure, l'insignifiant, s'était toujours tenu en marge de la liesse, regardant l'emperruqué princier dilapider la fortune qu'il avait su patiemment amasser... et il l'enviait. Tous ces plaisirs défendus, il y avait droit aussi ! Il languissait secrètement pour cette vie de miel et de délice ; il désirait ces nuits de luxure et de débauche de toute son âme. En finir avec la misère et le labeur... Cesser de trimer pour ce dauphin qui ne serait jamais roi, tout au plus un bouffon...

Il était inévitable que cela se termine ainsi.
Dehors, l'attendait l'éblouissement d'un jour d'été et un nouveau commencement, qui lui tendait les bras ; une étreinte dans laquelle il pourrait enfin disparaître et se perdre. Adieu le Prince de sang...
Dans les poches des sacs, il sentait le poids des bons du trésors, de l'or et des bijoux, et même de quelques pièces d'argenteries qui s'étaient trouvées là. Autant le larcin l'avait rebuté, autant le régicide l'avait à peine fait hésiter.

... Encore une courte volée de marche, un couloir étroit et la porte, et il serait enfin libéré. Il fut brièvement aveuglé par le soleil bas, la simple chemise de coton qu'il portait ne faisait rien contre la morsure du froid matinal. L'automne était arrivé sans qu'il le remarque. Quand sa vision revint, il aperçut l'ombre tant redoutée sur les pavés de la petite place. Il leva les yeux. L'échafaud n'était pas si menaçant, après tout.


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