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Les textes présentés ici sont issus de ma culture biologique. Quelques défauts et autres erreurs grammaticales, syntaxiques et/ou orthographiques peuvent, peut-être (sûrement), avoir subsisté ; que voulez-vous, les produits bio sont rarement parfaits mais n'en ont, paraît-il, que plus de saveur...

...

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mardi 10 novembre 2009

Sipattes, l'araignée.



Sipattes, l'araignée, portait bien son nom. Elle en avait perdu une à un amant jaloux – jaloux de n'avoir pu lui en manger qu'une, alors qu'elle le dévorât en entier – et l'autre, à un enfant trop curieux. Son infirmité lui valait souvent les quolibets et les brimades de ceux de son espèce, qui la traitaient d'insecte. Elle ne s'en souciait pas. Elle ne rencontrait ses congénères que pour les repas, où les conversations tournaient court et s'achevaient généralement au ton de : « Noon ! Aaaargh ! Aaah, nooon ! Rhaaa... *couic!* »... Sipattes était de l'étoffe des survivantes.

Elle vivait dans une baignoire. Normalement, une gigantesque prison d'émail pour les siens. Mais cela ne la dérangeait pas, elle y était heureuse. Elle y trouvait tout ce dont elle avait besoin et la baignoire n'était jamais utilisée, un problème de douche, apparemment. Elle avait régulièrement la visite d'un géant lourdaud qui, pour une raison qui échappait à l'araignée, lui apportait des compagnons ou des proies... le plus souvent, les 2 en 1. Insectes estropiés, Bzzbzz qui ne bzzbzzaient plus et d'occasionnelles arachnoïdes, dont il devait simplement se débarrasser dans l'espoir qu'ils se débrouillent entre eux... L'humain, car c'en était un, avait, aussi, l'agaçante manie de lui souffler dessus, produisant des bourrasques soudaines et violentes, dans le but plus qu'évident de la faire bouger, aux cris extatiques et surexcités d'une plus petite version de l'humain. Elle détestait ça.
Car elle savait se méfier de l'homme. Elle avait été témoin, un jour qu'elle avait réussi à grimper un peu plus haut que d'habitude le long de la paroi lisse – juste pour le sport – de la fin tragique de Grégorie.

Grégorie était une tégénaire, comme elle – et oui, Sipattes s'était également fait la réflexion que Grégorie était un nom idiot pour une araignée – mais bien plus large. Elles avaient cohabité plus ou moins aimablement pendant presque tout un jour. Le sujet du handicap de Sipattes n'avait même été que très superficiellement abordé... Malgré sa taille respectable, Grégorie avait fini écrasée par un torrent déversé d'un seau et emportée à grande vitesse dans l'évacuation, sans jamais être revue...

Un jour que l'homme devait être mal luné, il essaya de se débarrasser de Sipattes. Elle le vit venir de loin, colossal peut-être, mais d'une lenteur... et, sans même s'essouffler, elle courut s'engouffrer dans la bonde et le tuyau au-dessous. Elle était peut-être estropiée mais presque toujours aussi rapide qu'auparavant. Elle se demandait souvent ce qu'il en serait de l'humain, si il en venait à perdre deux pattes. Elle se réfugia dans un abri de toile, tissé peu après la disparition de Grégorie, qui constituait un surplomb solide au-dessus d'elle et retenait toujours une bulle d'air, et elle regarda passer la cascade.

Elle attendrait sûrement un jour ou deux avant de refaire surface et de faire le bonheur de l'enfant, qui savait que dans la baignoire de la salle-de-bain-du-fond-dans-laquelle-il-n'avait-pourtant-pas-le-droit-d'aller, vivait une petite merveille.


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